Avec les lois Pleven (1972), Lellouche (2003) et Perben II (2004), la France dispose déjà du plus formidable arsenal antiraciste d’Europe. Est-il absolument nécessaire d’accroître encore cette puissance de feu ? Tel est en tout cas l’avis du groupe communiste au Sénat où, « en réponse notamment à l’explosion des actes antisémites en France depuis l’attaque du 7 octobre en Israël », actes se résumant jusqu’ici à de simples graffiti, les camarades Ian Brossat et Cécile Cukierman, tous deux issus de familles judéo-polonaises d’extrême gauche, viennent de déposer une proposition de résolution de nature à empêcher « la banalisation des discours de haine dans le débat public ».
Comment ? En multipliant les peines d’inéligibilité après des condamnations pour discrimination et incitation à la haine raciale. En effet, estime le tandem, « trop nombreux sont ceux qui sont ou ont été condamnés par la justice et peuvent toutefois, sans honte et sans entrave, prétendre à un mandat électif et valablement prétendre représenter le peuple français alors qu’ils ont été reconnus coupables de délits qui portent atteinte à l’unité de la Nation, qui menacent l’ordre public et les droits et libertés d’autrui ».
Certes, admettent les deux humanistes, « l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse prévoit une peine complémentaire d’inéligibilité pour les auteurs d’infractions racistes ou discriminantes […] mais force est de constater que les élus condamnés sur le fondement de l’article 24 ne sont que très rarement condamnés à une peine complémentaire d’inéligibilité ».
Les élus visés sont à l’évidence ceux d’« extrême droite », contre laquelle avait été conçue — déjà par un communiste — la scélérate loi Gayssot adoptée en juillet 1990, après la mystification de Carpentras et avec le concours empressé de Laurent Fabius alors président de l’Assemblée nationale. Mais ici et maintenant, ce ne sont plus les héritiers supposés du grand Satan Le Pen qui terrorisent les juifs. A la fac de Nanterre où, selon Le Point, « l’activisme propalestinien inquiète les étudiants juifs », ce sont les militants « du NPA [trotskiste] et de la branche locale de l’UNEF [à forte dominante marxiste] qui occupe le terrain, physiquement ou par l’affichage », très hostile à l’Etat hébreu. Sans que cela préoccupe le moins du monde les deux sénateurs communistes.
La Rédaction