Thierry Bouclier, Francis Bergeron et David Gattegno se sont associés pour composer, à partir du recueil de poèmes illustrés par Guy Hanro — et magnifiquement présenté — un bel album symphonique (prélude, choral et fugue) plein de truculence et de couleur, que l’Association des Amis de Robert Brasillach vient d’offrir à tous ses adhérents, 150 exemplaires seulement, qui deviendront vite des « collectors », de ce document unique étant proposés à la vente (1).
La notice biographique consacrée à l’auteur par Me Bouclier nous apprend que Guy Hanro, de son vrai nom Gérard de Guyenro, s’engagea dans la Légion des Volontaires français à dix-huit ans et qu’après diverses affectations, il se retrouva en Poméranie où il fut capturé par les Américains qui le livrèrent à la Sécurité militaire française. Après quelques séjours de prison en prison, il arriva à Fresnes le 30 juin 1945 avant d’être transféré au centre pénitentiaire de Saint-Martin-de-Ré.
L’ouvrage ne nous dit rien sur la vie de Guy Henro après sa détention, sinon qu’il ne fit pas de ses dons de dessinateur un métier.
Son style peut paraître relâché, mais n’oublions pas que ces dessins sont ceux d’un jeune homme de vingt ans, qu’ils sont très « d’époque » et influencés semble-t-il par les dessins animés américains, y compris de ceux de Disney, avec leur vulgarité mais aussi leur dynamisme et leur expressivité. Nul doute d’ailleurs que si Hanro avait persévéré dans le dessin de presse et l’illustration, sa manière eût changé, se fût affinée et eût pris un aspect encore plus décidément personnel sans perdre son sens du mouvement, qui fait que cet album donne l’impression au lecteur que la vie des prisonniers est une succession d’épisodes animés et colorés. Ce qui ne l’empêche pas d’être un document instructif et complet sur la vie carcérale au début de la IVème République (dont il fait une représentation allégorique pas piquée des vers), n’omettant aucun détail sur l’arrivée à Fresnes, les formalités, les absurdités des règlements (« par exemple, au dépôt, à la fouille en passant, on prendra nos lacets, cravate et bretelles… Fresnes, c’est différent, les lacets sont permis ») puis l’entrée dans une cellule aussi inconfortable que sordide.
La présence d’un chat ou de souris, plus vraisemblables, goguenard ou indigné, agrémente certaines planches, le chat noir étant lui aussi très « dessins animés années Trente ». Le lettrage « script » est soigné, la mise en page harmonieuse.
L’appareil critique de MM. Bouclier, Bergeron et Gattegno complète les planches et donne des renseignements précis sur les personnes évoquées, cependant que Francis Bergeron commente un recueil de quatorze dessins incorporés dans l’album Saint-Martin-de-Ré, le pays des vaches.
Grâce à l’Association des Amis d’Henri Béraud (associée à la présente réalisation), nous étions quelque peu familiarisés avec Ré mais, là, il s’agit d’une suite en noir et blanc de dessins pleine page, que l’on peut qualifier de « gags » ironiques et véhéments.
CHARD
- « A travers l’épuration – Souvenirs de prison illustrés », éditions « Les Sept Couleurs », Association des Amis de Robert Brasillach, www.robert-brasillach, brasillach@europa.ch
Merci à Présent et à Chard de ce bel article sur l’album inédit de Guy Hanro « A travers l’Épuration » qui vient d’être publié à l’enseigne des Sept couleurs.
Pour les lecteurs français qui souhaitent recevoir cet ouvrage, il est plus rapide de le commander à l’adresse : arbfrance@orange.fr
Bien cordialement,
Monique Delcroix