JO

JO : des couacs dans la “parenthèse enchantée”

Avec 66 médailles, le sport français a donc accompli la mission qui lui avait été assignée : décrocher la cinquième place aux Jeux olympiques de Paris derrière les Etats-Unis, la Chine, l’Australie et le Japon. On observera que sur les 16 médailles d’or obtenues, quatre l’ont été par le jeune prodige Léon Marchand, adulé par les spectateurs mais snobé par le président de la République qui n’a pourtant même pas cité le nageur dans l’interminable interview accordée à L’Équipe au lendemain de la clôture des Jeux. Snobé parce que français, trop français ? Car Macron avait spécialement interrompu ses vacances au port de Brégançon (bravo pour le bilan carbone !) afin de venir à Paris serrer sur son cœur le double médaillé guadeloupéen Teddy Riner puis enlacer la judokate également mélanoderme Romane Dicko et même, cf. Madame Figaro « essuyer ses larmes », car la jeune femme, qui visait l’or en individuel, avait dû se contenter du bronze.

Une grande absente : la Russie

Autre constatation  : nombre de médaillés d’or doivent leur statut au fait qu’ils ont brillé dans des disciplines très secondaires et inédites dont Pierre de Coubertin n’aurait même pas pu imaginer l’existence tandis que la moisson a été dérisoire en athlétisme, pourtant origine et cœur battent de l’olympisme : en visite en Grèce, combien de jeunes Français ne s’échinent-ils pas malgré le cagnard à courir sur le dromos de l’antique stade d’Olympie (dont, soit dit en passant, le musée abrite un chef d’œuvre de Praxitèle, son extraordinaire Hermès portant l’enfant Dionysos, merveille de l’art occidental) ?

Établissant le bilan des JO 2024, le quotidien 20 minutes titrait avec son élégance habituelle : C’est bon, le record de médaille [sic] d’or est battu, on peut juste kiffer maintenant les relous ? Il n’y a plus aucun « oui mais » qui tiennent [resic], ces Jeux sont réussis pour la France. »

Eh bien si, il y a encore un mais. Notre pays n’aurait sans doute pas occupé la cinquième place sans l’absence de la Russie, exclue de la compétition en raison de l’agression de l’Ukraine. Bannissement auquel a échappé l’État hébreu malgré la vitrification de la bande de Gaza et la nouvelle colonisation-spoliation de grande ampleur menée depuis deux mois en Cisjordanie le long du Jourdain, donc dans la partie le plus fertile de ce qui reste de la Palestine de l’accord onusien de 1947.

En 2008 à Pékin, la Russie s’était classée troisième avec 24 médailles d’or. Quatrième à Londres en 2012 avec 18 médailles d’or (contre 11 pour la France, septième) et cinquième à Tokyo en 2020 avec 20 médailles d’or (contre 10 pour la France, huitième). Quel rang aurions-nous obtenu cette année si les Russes avaient été présents ?

Il ne s’agit évidemment pas ici de minimiser le mérite de nos sportifs — dont les militaires constituaient 13% de la délégation olympique française et ont remporté 30% des médailles, tels les judokas Shirine Boukli, second maître de la marine, et le première classe d’origine géorgienne Luka Mkheidze ou encore le maréchal-des-logis et fleurettiste Maxime Petit. A force d’acharnement, tous les médaillés ont accompli des exploits qui, espérons-le, susciteront des vocations. Mais il faut convenir que, cette année, la géopolitique les a puissamment aidés.

Des ratés dans la sécurité

Comme il faut admettre que la sécurité dont se rengorge le ministre (démissionnaire) Darmanin a connu des ratés, de l’aveu même du service de statistiques du ministère de l’Intérieur (SSMSI), qui reconnaissait le 8 août que, durant la semaine du 29 juillet au 4 août à Paris et en Ile-de-France et malgré un déploiement policier considérable, « ont ainsi augmenté les vols violents (+17%) et sans violence (+6%), notamment dans les transports en commun (+8%), ainsi que les cambriolages (+6%). Les coups et blessures volontaires ont aussi augmenté de 10% en Ile-de-France par rapport à la semaine précédente, voire de 20% lorsqu’ils sont commis en dehors de la sphère familiale. »

A part ça, ce fut donc de l’avis général une belle fête, qui a fait oublier le déficit abyssal, qui s’est élevé en 2023 à 5,5 % du produit intérieur brut, et la dette passée de 20 % du PIB en 1980 à plus de 110 % aujourd’hui, soit 3100 milliards d’euros avec un accélération vertigineuse sous Macron.

Et si, après la parenthèse enchantée des circenses, l’on passait maintenant aux choses sérieuses ?

Camille Galic

Un commentaire

  1. En effet, il y a bien eu colonisation-spoliation de terres palestiniennes par Israël puisque, le 4 juillet, la Knesseth avait approuvé la saisie de 1 270 hectares de terres en Cisjordanie occupée, la plus importante saisie de terres en territoire palestinien depuis trois décennies. Ces terres, situées dans la vallée du Jourdain, ont été souverainement déclarées “propriété du gouvernement” par l’Autorité israélienne en charge des affaires foncières dans les Territoires palestiniens.
    Une décision désapprouvée par Washington qui, néanmoins, vient d’envoyer pour 20 milliards de dollars d’armements divers au gouvernement Netanyahou pour l’aider dans sa lutte contre le Hamas et le Hezbollah. Une décision inique que, bien sûr, Donald Trump n’a pas condamnée.

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