héros

Les lectures de Madeleine Cruz : Mabire, d’Annunzio, Jünger et autres héros

Je vous parlais la dernière fois d’un héros américain, un certain Major Bennett, de l’armée américaine, tué en Autriche vingt jours avant la fin de la seconde guerre mondiale, un quasi-inconnu. Son rôle a été mis en lumière du fait de la persévérance des habitants de Sarreguemines qui pensent (avec quelques raisons, je crois) qu’il fut le sauveur de cette petite ville de Moselle.

Les héros n’ont pas de patrie, serait-on tenté d’écrire, car, après le portrait de l’Américain Bennett, c’est dans le bulletin des amis de Jean Mabire que je trouve les portraits d’autres héros, français, mais aussi italiens ou allemands, qui s’appelaient d’Annunzio, Jünger, Mabire lui-même (en Algérie), sans parler du dénommé « Puech », un Français, héros de la bataille de Berlin de 1945.

Le même bulletin évoque ce que l’on pourrait appeler des « héros collectifs ». Dans des circonstances exceptionnelles, des groupes d’hommes – en l’occurrence des soldats – se sont comportés collectivement en authentiques héros, à la façon de Grecs aux Thermopyles (voir le site « Jeune Nation » de cette semaine, qui rappelle ce que représentent les Thermopyles, pas uniquement pour les Grecs) : les diables verts du Monte Cassino (sous la plume d’Eric Lefèvre), les soixante hommes du Capitaine Danjou à Camerone, ou encore les légionnaires de Dien-Bien-Phu.

Des récits qui donnent la chair de poule

C’est de la « littérature pour mecs » me diront peut-être certains lecteurs, qui pensent qu’une femme est mal placée pour traiter de ces thèmes-là. Un chant militaire – peut-être celui des commandos de France, mon ami Thierry Bouzard pourrait le confirmer – évoque par exemple « la grande marche du sang des Commandos, (…) le grand rythme des cœurs d’hommes, que les femmes, ah les femmes, n’entendent jamais ». Je m’inscris en faux : de Jeanne d’Arc à Geneviève de Galard, en passant par Monique Danjou-Vanuxem, par exemple, l’histoire de notre pays est pleine d’héroïnes du même acabit, aussi.

Pour ce qui me concerne, je considère que le culte des héros est une obligation tant morale que politique. Les récits de ces actes d’héroïsme me donnent toujours la chair de poule (non par peur mais par l’émotion qu’ils procurent) et empêchent de désespérer de la nature humaine.

« Le guerrier est grand. Non parce qu’il tue mais parce qu’il meurt. » (Péguy)

L’éditorial de ce n° 69 du magazine des amis de Mabire est signé de Bernard Leveaux. Il pourrait être reproduit en entier tant il synthétise parfaitement ce que l’on attend des héros. Il commence par une citation de Charles Péguy, citation que, personnellement, je ne connaissais pas : « Le guerrier est grand. Non parce qu’il tue, mais parce qu’il meurt. Ou parce qu’il sait mourir et y consent. Et que ce n’est pas si simple que ça d’accepter de mourir ».

Jean Mabire aimait aussi beaucoup un autre héros, qui m’est cher, également, et sur la tombe duquel je suis allé plusieurs fois. Même s’il n’est pas évoqué dans ce magazine n° 69, Mabire, qui lui avait consacré un court mais très significatif ouvrage, le considérait comme une sorte de héros absolu : je veux parler du colonel Driant alias Danrit en littérature. Voilà le héros à l’état pur : il a tout réussi, sa carrière militaire, littéraire (surnommé « le Jules Verne militaire »), politique (député nationaliste de Nancy). Quand éclate la première guerre mondiale, son mandat de député et son âge (il a alors 59 ans) le dispensent de s’enrôler. Mais il se porte volontaire et trouvera la mort, comme la majorité de ses hommes, en défendant Verdun aux premiers jours de l’assaut teuton. Quel soldat ! Quels soldats !

Madeleine Cruz

Le héros, Magazine des Amis de Jean Mabire n°69, été 2024, contact@jean-mabire.com

Un commentaire

  1. 100% d’accord. Comme d’habitude; de la belle ouvrage, sur le fond comme sur l’esthétique, la mise en page, l’illustration., en quadrichromie s’il vous plait. Comme chantait tonton Georges, tout est bon chez elle y’a rien à jeter, sur l’île déserte il faut tout emporter. Un bravo au graphiste et comme dans une émission télévisée de naguère, « Merci Bernard » Levaux, à tout seigneur, tout honneur. Amitié et unité normande. Boujou et à tantôt. FN.

    Pour ce qui est du chant, bravo c’est ça, ma chère Madeleine et c’est édité par la SERP du sapré Jean-Marie, merci au fait pour les bouquins je me mets au travail de suite.

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