Commentant l’intronisation de Donald Trump, nos médias ont essentiellement souligné la tenue fort élégante mais plutôt funèbre de son épouse, qui ne se départit pas une minute de son grand chapeau, même pendant le dîner de gala (n’y a-t-il donc pas de service du protocole à la Maison-Blanche ?) et, surtout, le crime d’Elon Musk qui,pour saluer la foule, fit à deux reprises le salut romain après avoir porté la main sur son cœur.
Musk… après Macron !
Qui dit romain dit fasciste et qui dit fasciste dit nazi ; voici donc le patron de SpaceX, de Tesla et du réseau social X (ex-Twitter) catalogué hitlérien, d’autant plus aisément que l’étoile du supercapitalisme états-unien vient d’Afrique du Sud, où chacun sait que tous les Blancs sont fâchos, et qu’en prévision des prochaines législatives outre-Rhin, il soutient activement l’AfD placée par les sondages en deuxième position, après la CDU démocrate-chrétienne mais avant la SPD socialiste.
Du coup, la polémique fait rage à gauche et à l’extrême gauche sur le point de savoir si les journaux et politiciens réellement démocrates doivent abandonner X pour manifester leur hostilité radicale à Musk, ou au contraire y rester, afin de continuer à porter la « parole républicaine ». Organisme d’État et donc payé par nos impôts, le CNRS s’est noblement retiré mais, après avoir annoncé son départ, la « leadeuse » des Verts Marine Tondelier a fait marche arrière et Le Monde comme Libération ou Politis connaissent les pires affres. Être ou ne plus être sur X (et perdre ainsi toute visibilité), telle est la question.
Question qui ne devrait pas se poser puisque, pour sa prestation, l’homme le plus riche du monde avec une fortune actuellement estimée à 421 milliards de dollars, et que Trump a bombardé ministre de l’Efficacité gouvernementale, n’a fait qu’imiter Emmanuel Macron qui, le 7 mai 2017 lors de son exhibition devant la pyramide du Louvre au soir de sa première victoire, le président français avait en effet, comme des millions de téléspectateurs avaient pu le constater, salué à la romaine après avoir porté sa main sur son cœur. A l’époque, ce geste théâtral n’avait provoqué aucune indignation : ayant terrassé Marine Le Pen, le nouvel Élyséen incarnait forcément le camp du Bien contre la Bête immonde sans cesse renaissante.
Vite, « faire le ménage » à Gaza
Au demeurant, Elon Musk semble plus sioniste que nazi puisqu’il n’a pas pipé mot devant les dernières décisions prises par Trump. Le 25 janvier, ce dernier a en effet annoncé la livraison à Israël de 1800 bombes de 907 kg, livraison auparavant bloquée par son prédécesseur Biden qui estimait — sans doute à juste titre — qu’elles causeraient une « grande tragédie humaine ».
Le même jour, s’adressant à des journalistes, le 47ème président des États-Unis a également exprimé son intention de « faire le ménage » dans la bande de Gaza, réduite par l’État hébreu à « littéralement un site de démolition », en expédiant « temporairement ou à long terme » ses habitants, « environ 1,5 million de personnes », vers l’Égypte et la Jordanie avec lesquelles il aurait déjà entamé des discussions. Sans doute houleuses, compte tenu des relations exécrables de ces pays avec les Palestiniens qui gardent surtout rancune à Amman pour la répression violente de l’OLP (« Septembre noir », 1970) qui s’érigeait en contre-pouvoir face au royaume hachémite dont, depuis la guerre des Six Jours menée par Israël en 1967, la moitié de la population était constituée de réfugiés palestiniens
Après les prises d’otages israéliens par le Hamas du 7 octobre 2023 — opération dont le Premier ministre Netanyahou avait été dûment informé dès le 30 septembre par la CIA puis le Shin Beth, et même bien avant puisque, selon le New York Times du 1er décembre 2023, « des responsables israéliens avaient obtenu le plan de bataille du Hamas pour l’attaque terroriste du 7 octobre plus d’un an avant qu’elle ne se produise » —, le quotidien israélien Haaretz avait accusé le gouvernement de Jérusalem d’avoir volontairement ignoré ces avertissements. Cela afin de légitimer la vitrification de Gaza et la fuite de ses habitants, pour faire de la zone côtière une riviera de super-luxe capable de concurrencer celles de la mer Égée… Et, accessoirement, d’y exploiter au large des gisements de pétrole.
Si le « ménage » est fait un jour, et la population actuelle déportée, le premier palace de Gaza sera-t-il un Trump Hotel fonctionnant avec des subalternes asiatiques sous contrat, comme cela se fait déjà dans la plupart des kibboutz, y compris celui de Kfar Aza, cruellement frappé le 7 octobre ?
Kushner à Paris, de la prison à la haute diplomatie
Au fait, dès le lendemain de son élection, le 30 novembre, c’est un autre magnat de l’immobilier, Charles Kushner, né en 1954 de « survivants de l’holocauste », « un type formidable, un chef d’entreprise génial », que Donald Trump a promu ambassadeur des États-Unis à Paris pour « renforcer le partenariat entre les États-Unis et la France ».
Seul hic, ce « philanthrope », dixit toujours Trump, connu notamment pour ses largesses au Rabbinical College of America ou aux United Jewish Communities et dont le fils Jared, époux d’Yvanka Trump, a fait office de conseiller spécial pour le Proche-Orient pendant le premier mandat de son beau-père, est un margoulin de la pire espèce. En 2004, il fut en effet condamné puis emprisonné après avoir plaidé coupable de fraudes fiscales répétées, subornation de témoins (à l’aide de prostituées) et contributions illégales à des campagnes électorales — par exemple 508 000 dollars versés non sur ses fonds propres mais sur les actifs de ses sociétés, à des candidats… démocrates ! Que soutenait alors Trump qui, devenu président, amnistia les peccadilles de Kushner Sr. et lui accorda un « pardon inconditionnel ».
Ces « points de détail » étant connus de tous les journalistes puisque l’édition américaine de Wikipédia les énumère noir sur blanc, on comprend mal leur insistance à présenter la nouvelle gouvernance états-unienne comme une résurgence du IIIème Reich.
Camille Galic
Pour soutenir le Nouveau Présent, faites un don:

Article instructif, que le site Blast vient de confirmer (1). Commentant le 31 janvier la tenue à Paris en 2024 de deux Salons de l’immobilier israélien, Blast affirmait que, malgré l’avis émis le 19 juillet dernier par la Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l’ONU, sur l’illégalité de l’occupation et de la colonisation des territoires palestiniens par Israël depuis 1967, il était possible de se procurer des appartements « en Judée-Samarie » (appellation israélienne de la Cisjordanie). Des promoteurs, dont la puissante firme Harey Zahav liée au gouvernement Netanyahou, construisent ainsi de gigantesques immeubles d’habitation dans les implantations « sauvages » juives. Notamment dans la colonie de Avnei Hefetz qui « s’agrandit d’année en année, et grignote par conséquent du territoire, menaçant plusieurs villages palestiniens situés alentour ».
Nul doute qu’il en ira de même pour Gaza, ce « site de démolition », dixit Trump, sur laquelle Harey Zahav a déjà des vues.
(1) https://www.blast-info.fr/articles/2025/au-coeur-de-paris-les-colons-israeliens-mettent-en-vente-la-cisjordanie-IqNFEBDDTtqR5cagpJ6sBw?utm_source=substack&utm_medium=email
[…] https://nouveaupresent.fr/2025/01/27/la-maison-blanche-aux-mains-des-nazis/#comment-2585 […]