Laval

La gauche et la falsification de l’Histoire, l’éternel camp du bien

Depuis 1945, les gauches ont mis en place une falsification massive de l’Histoire, pour diaboliser tous ceux qui s’opposaient à leurs politiques. Avec la complicité active ou passive d’une certaine droite, souvent gaulliste, elles ont édicté des mystifications pour s’ériger définitivement dans le camp du bien et reléguer les nationaux, les souverainistes, les patriotes, les conservateurs de toutes obédiences, dans les enfers du camp du mal, pour qu’ils y soient discrédités à jamais, et qu’ils ne puissent plus se relever politiquement.

Cette stratégie diabolique, a parfaitement fonctionné pendant des décennies. Le parti communiste dit français, qui a trahi la France et les Français à de très nombreuses reprises dans son histoire sanglante, et notamment entre août 1939 et juin 1941, en pactisant avec les nazis, comme l’ont prouvé de très nombreux historiens à l’égal de Jean Marc Berlière et Franck Liaigre (1), ou Sylvain Boulouque (2), a été l’un manipulateur en chef. Il n’a été résistant qu’une fois l’URSS, sa vraie patrie attaquée, pour uniquement prendre sa défense et tenter d’imposer ce régime mortifère à la France, comme l’avait indiqué, le grand résistant Henri Frenay. Le PC « F » a été à la pointe de cette construction mémorielle, entraînant derrière lui des radicaux comme Pierre Cot, ou des hommes prétendument de droite, comme une kyrielle de gaullistes. (3). Il a aspiré aussi à faire oublier qu’il avait été entièrement stipendié par l’URSS et l’internationale communiste de 1921 à 1991 (4). Alors que pourtant, il tenait des propos antisémites contre Georges Mandel ou Léon Blum, et que ses députés écrivaient au Maréchal Pétain pour se proposer d’être des délateurs à charge contre les accusés de Riom.

Aujourd’hui, cette vision communisante de la politique a toujours cours, et est relayée par des personnalités comme Xavier Bertrand, Dominique de Villepin, Edouard Philippe, Charles de Courson, Elisabeth Borne et bien d’autres, qui assimilent en permanence, les mouvements patriotes comme le Rassemblement National ou Reconquête à Vichy et à Pétain (5), pour les vouer aux gémonies et leur interdire d’exister (6).

Ce substrat politico-historique des plus pervers et désinformateur, se fonde sur des analyses d’historiens-militants ou militants-historiens, comme vient encore de nous le révéler un entretien paru dans un journal régional à très grand tirage, Ouest-France, le 26 décembre 2025. Dans cet article, Laurent Joly, directeur de recherches au CNRS, interrogé sur la parution d’un nouveau livre collectif sur Vichy, se croit immédiatement obligé de dévier pour reprendre cette antienne des plus factice, en accolant Éric Ciotti et le Rassemblement National, Nicolas Sarkozy téléphonant à Marine le Pen à Vichy, car nous dit-il : « Les souvenirs des crimes de la collaboration empêchent ce rapprochement ». Donc Éric Ciotti, Nicolas Sarkozy, Marine le Pen sont assimilables au régime de Vichy et aux crimes de la collaboration.

Cette contrefaçon historique, préfabriquée, truquée, pipée, a un but, empêcher par tous les moyens, l’arrivée au pouvoir d’une droite nationale ou supposée telle, qui n’entend plus se soumettre aux oukases des gauches et de l’extrême-gauche qui ont abandonné le peuple français depuis fort longtemps. Et pour cela, on n’hésite pas dans la dramaturgie falsificatrice : « Vichy est la seule expérience française de la fameuse Union des droites » proclame ex abrupto le même Laurent Joly. Nous allons donc facilement démontrer, que pendant les quatre années du régime de Vichy, des hommes de gauche, ou venant de la gauche, se sont précipités dans les bras de Pierre Laval ou de François Darlan, et que les gouvernements du Maréchal Pétain, étaient à bien des égards, des unions des gauches, soutenus par des hommes de gauche, qui avaient eu d’importantes responsabilités avant-guerre dans la gauche française.

Pierre Laval et François Darlan :

À part l’intermède très bref de Pierre-Etienne Flandin issu de la droite libérale, qui fut pendant 1 mois et 17 jours, Vice-président du conseil entre le 14 décembre 1940 et le 10 février 1941, mais que les Allemands récuseront pour anglophilie, les gouvernements Pétain, pendant ces quatre années, ont été présidés soit par Pierre Laval, soit par François Darlan, des hommes de gauche.

Pierre Laval a toujours été socialiste, depuis son plus jeune âge. D’abord à la SFIO jusqu’en 1922, il s’est toujours revendiqué ensuite du socialisme indépendant. Même si dès le début des années 1920, il n’a plus été un socialiste orthodoxe, Laval s’est toujours considéré comme étant à gauche. Encore en 1924, il a mené une liste du cartel des gauches. Son homme lige sous Vichy a longtemps été René Bousquet, chef de toutes les polices, et qui venait de la gauche. Fils d’un notaire radical-socialiste du Sud-0uest, René Bousquet a franchi toutes les strates de la république radicale, grâce à ses appuis politiques chez les radicaux-socialistes, comme les frères Maurice et Albert Sarraut, soutiens du régime de Vichy et dirigeants de La Depêche du Midi. Ils votèrent tous deux les pleins pouvoirs

Autre homme des plus fidèles à Laval, Pierre Cathala. Plusieurs fois ministre dans les cabinets Laval de la collaboration, Cathala est un très proche de Laval. Lui aussi vient du radicalisme le plus républicain qui soit. On pourrait multiplier les exemples à l’infini, comme Raymond Lachal, maire d’Ambert et député, très grand compagnon de route de Laval. Lachal réélu en 1936, alla siéger au groupe de l’Alliance des républicains de gauche et des radicaux indépendants et votera les pleins pouvoirs, jusqu’au bout il soutiendra Laval. Le 22 juin 1942, Laval n’avait-il pas déclaré dans un discours radiodiffusé resté célèbre : « Une république plus jeune…doit naître ; le socialisme s’instaurera partout en Europe et la forme qu’il trouvera en France, sera dessinée par notre caractère national ».

Le marin François Darlan, qui a succédé à Laval en janvier 1941, puis auquel Laval a succédé à son tour ensuite en avril 1942, est le fils d’un très grand notable franc-maçon et député républicain progressiste aussi du Sud-Ouest, ce qui à l’époque le classait plus qu’à gauche. Pur produit de la IIIème république, il grandit dans ce milieu républicain et franc-maçon. Après une très brillante première guerre, il va voir sa carrière prendre une tournure des plus importantes, en devenant le bras droit de Georges Leygues, très longtemps ministre de la marine, grand ami de son père et comme ce dernier, député républicain progressiste du Lot-et-Garonne. Il sera aussi du cabinet d’Albert Sarraut, radical-socialiste s’il en est. Darlan n’est donc pas du tout un homme de droite. L’historien Simon Epstein a affirmé que Darlan était très apprécié de Léon Blum, et qu’il avait été très favorable aux rouges espagnols pendant la guerre civile. Il avait été nommé par Blum chef d’État-major général de la marine et surnommé « l’amiral rouge ». Il aurait déclaré à ses préfets sous Vichy « être un homme de gauche ». (7) On ne saurait mieux dire.

Des ministres de Vichy : l’Union des gauches

De très nombreux ministres sous le régime de Vichy étaient de gauche ou venaient de la gauche. Dès le premier gouvernement Pétain, le 17 juin 1940, deux ministres appartenaient à la SFIO, Albert Rivière aux Colonies et André Février au travail et à la Santé publique, et ce avec l’accord de Léon Blum. René Belin, qui fut un des principaux syndicalistes CGT pendant toutes les années d’avant-guerre, a été ministre du Travail et créa la Charte du travail. Adrien Marquet, maire de Bordeaux et député socialiste a été un thuriféraire du régime de Vichy, ministre d’État et ministre de l’intérieur de Philippe Pétain. Il plaida avec la plus extrême vigueur pour l’adoption des pleins pouvoirs.

La liste est loin d’être exhaustive. Henri Moysset, historien, spécialiste de Proudhon, sera en 1941 secrétaire d’État à la vice-présidence du Conseil, puis ministre d’État et membre du Conseil national, il participera à la rédaction de la charte du travail. Il n’était pas un homme de droite, prônant un système économique corporatiste. Marcel Peyrouton, sera gouverneur général de l’Algérie sous Vichy et aussi ministre de l’intérieur. Il sera à l’origine du premier statut sur les juifs, abolira le décret Crémieux et créera les internements administratifs préfectoraux. Il avait épousé la fille de Louis Malvy député et ministre, très à gauche au parti radical, et Peyrouton a longtemps été membre du Grand Orient de France, obédience maçonnique, la plus à gauche qui soit.

Député radical de l’Indre, Albert Chichery fut ministre du commerce et du ravitaillement en juin et juillet 1940, et membre du Conseil national sous Vichy. Grand homme de la gauche française et du parti radical-socialiste, franc-maçon de très haut grade, Camille Chautemps sera aussi ministre certes éphémère de Pétain en juillet 1940, puis il sera envoyé aux USA, dans le cadre d’une mission officieuse du gouvernement de Vichy. On peut aussi évoquer le cas de François Chasseigne, maire d’Issoudun nommé par Vichy, Commissaire général au STO puis secrétaire d’État à l’agriculture et au ravitaillement, membre actif du PCF, puis de la SFIO. Citons aussi Max Bonnafous, membre du parti socialiste qui deviendra secrétaire d’État au ravitaillement, puis ministre de l’agriculture sous un ministère Laval. Le communiste Paul Marion, ancien membre du Comité central, qui s’était ensuite rapproché de Déat, puis de Doriot, il sera secrétaire général à l’information dans le cabinet Darlan puis dans celui de Laval.

D’autres encore, tel François Piétri, député de Corse, secrétaire d’état aux communications sous Vichy, puis surtout ambassadeur à Madrid de 1940 à 1944, il était inscrit à la Chambre comme républicain de gauche, et aurait repoussé tout qualificatif d’homme de droite. Et que dire de Ludovic-Olivier Frossard, ancien SFIO, puis communiste, puis de nouveau SFIO, ministre des travaux publics sous Pétain, votant les pleins pouvoirs au Maréchal. Journaliste, il a vanté les bienfaits de la Révolution nationale et fit des éloges au Chef de l’État. Sans parler de Marcel Déat, socialiste SFIO puis indépendant. Dans ses articles dans le journal l’œuvre, il n’avait de cesse de prôner le rapprochement avec l’Allemagne nazie, il deviendra ministre du travail en mars 1944.

Les soutiens socialistes au régime de Vichy :

Philippe Pétain sera toujours soutenu par de très nombreux socialistes qui d’abord votèrent en masse les pleins pouvoirs, le 10 juillet 1940. Parmi eux, on trouve notamment Charles Spinasse, maire et député d’Égletons en Corrèze, ministre SFIO du front populaire. Spinasse sera l’un des plus ardents pour faire voter les pleins pouvoirs, appelant à un « crucifiement » du parlement. Il créera des journaux de gauche de la collaboration, avec l’accord de l’occupant, comme L’Effort « organe de reconstruction socialiste », ou Le rouge et le bleu, qui soutiendront Pierre Laval. Dans la même lignée, se situe Paul Faure, numéro 2 de la SFIO, rédacteur en chef du Populaire. Il se rallie totalement à Vichy, devient membre du Conseil national. Autre socialiste d’importance, Paul Rives. Député SFIO, très ami avec Marcel Déat, il plaidera « pour un ordre nouveau » votera les pleins pouvoirs et ralliera le RNP de Marcel Déat. Il collaborera au quotidien de la collaboration, La France socialiste, fondera Germinal avec un autre collaborateur socialiste, Claude Jamet. Paul Rives représentera le ministre Déat en zone sud.

On ne peut pas passer sous silence, le rôle très important d’un radical-socialiste, député de l’aile gauche du parti radical, Gaston Bergery. Élu député du front populaire, il votera les pleins pouvoirs, et Pétain le nommera ambassadeur en Union soviétique, puis en Turquie.Ou celui de Marc Augier, membre de la SFIO et du cabinet de Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État du front populaire, qui sera l’un des piliers de l’hebdomadaire de la collaboration, La Gerbe, et qui finira sur le front de l’Est. Autre soutien du régime de Vichy, André Delmas, adhérent à la SFIO, secrétaire général du Syndicat National des Instituteurs. Proche de René Belin, il écrit dans La France socialiste, journal de la collaboration, ainsi que dans L’Atelier. Léon Emery appartient lui à l’aile gauche de la SFIO, en octobre 1940, il applaudira à l’entrevue de Montoire, puis adhérera au RNP de Marcel Déat. Un homme comme Eugène Frot, député et plusieurs fois ministre dans les années 1930, élu sur des listes de gauche, orateur pour le front populaire, votera les pleins pouvoirs, appartiendra sous l’occupation à un rassemblement de lavalistes et socialistes indépendants, et sera nommé par Vichy au Conseil national.

De très nombreux journaux socialistes, soutenant le régime de Vichy ou les allemands (ou les deux), paraîtront sous l’occupation, avec l’aval des autorités d’occupation tel Otto Abetz. On peut citer L’Atelier, Au Travail, L’Effort, La France au Travail, La France socialiste, Germinal, L’œuvre, Le Rouge et le Bleu. Robert Jospin, le père de Lionel Jospin, écrira dans Germinal lancé le 28 avril 1944, Robert Jospin était un militant socialiste SFIO. (8)

En guise de conclusion :

Écrire, affirmer, que Vichy fut un rassemblement des droites, une union des droites, et non seulement une hérésie historique absolue, mais une manipulation intellectuelle politicienne. Un rare documentaire assez honnête est à visionner à cet égard, Quand la gauche collaborait 1939-1945, de Florent Leone et Christophe Weber. On peut aussi se reporter à l’ouvrage de l’historien Simon Epstein, Un paradoxe français, Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance (9). Il démontre aussi, que les tous débuts de la Résistance, furent pour beaucoup l’action de nombreux hommes et femmes d’extrême-droite, pendant que les communistes et bons nombres de socialistes, se vautraient avec les occupants nazis. Le travail d’Alain Griotteray, très jeune résistant en 1940, l’explicite très bien, dans son livre sur les résistants de droite (10). Les diatribes de Laurent Joly sont donc dénuées de tous fondements. L’union des droites n’avait strictement aucun sens sous la IIIème république, et encore moins sous Vichy. Cette comparaison est totalement a-historique. C’est la négation même de l’histoire. Mais elle a un but politique, avilir les droites, les renvoyer dans les poubelles de l’histoire pour les discréditer définitivement, au moment où les sondages sont au plus haut pour elles. La fameuse reductio ad hitlérum revient telle un serpent de mer et pollue la vie politique française au bénéfice des seules gauches, souvent les plus extrêmes, ce qui empêche le libre débat des idées, et parfois génère des menaces et des interdictions liberticides.

Michel Festivi

(1) Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre : L’affaire Guy Môquet, enquête sur une mystification officielle, Larousse, 2009- Liquider les traitres, la face cachée du PCF, Robert Laffont, 2007

(2) Sylvain Boulouque : L’affaire de l’Humanité, Larousse, 2010- Avec Frank Liaigre, les listes noires du PCF, PUF, 2008.

(3) Michel Festivi : La désinformation autour du Parti communiste « français », Dualpha, 2024

(4) Victor Loupan et Pierre Lorrain : L’argent de Moscou, l’histoire la plus secrète du PCF, Plon, 1994

(5) Michel Festivi : Nouvelle ignominie d’Elisabeth Borne : le RN serait l’héritier de Pétain, article Eurolibertés et riposte laïque, 20 novembre 2025.

(6) Michel Festivi : Le RN assimilé au régime de Vichy et à Pétain ou la falsification permanente de l’Histoire, Lectures Françaises, octobre 2023- Perte de mémoire, Eurolibertés, 22 août 2022.

(7) Simon Epstein : Les dreyfusards sous l’occupation, Bibliothèque Albin Michel histoire, 2001 page 169.

(8) : La plupart de ces journaux sont détaillés dans le livre de Dominique Venner : Histoire de la collaboration, suivi des dictionnaires des acteurs, partis et journaux, Editions Pygmalion Gérard Watelet, 2000.

(9) Simon Epstein : Un paradoxe français, Antiracistes dans la Collaboration, Antisémites dans la Résistance, Albin Michel, 2008

(10) Alain Griotteray : 1940 : La droite était au rendez-vous, qui furent les premiers résistants, Robert Laffont, 1985.

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