Boulet d’une dette de 7 000 milliards d’euros à traîner, sévère récession en vue redoute le Medef, inflation chronique avec une hausse de 14,3% sur les prix de l’alimentation constate l’Institut national de la statistique, « Services publics, commerces, transports…La décivilisation au quotidien » titre Le Point, criminalité galopante entre carnages commis par des « déséquilibrés » le plus souvent allogènes, meurtriers règlements de comptes (mais souvent avec balles perdues tuant des passants innocents) opposant les gangs de la drogue, et quelque 120 Hexagonaux poignardés chaque jour (1), un bac 2023 qui sera encore plus bradé que d’habitude en raison des conditions abracadabrantesques à lui imposé par Parcoursup, gouvernement allant à vau-l’eau avec une Première ministresse psychorigide et techno et des ministres dont bon nombre (Dupont-Moretti, Schiappa, etc.) ont maille à partir avec la justice…
N’en jetez plus, la cour de l’Élysée est pleine. Mais quelle est actuellement la préoccupation essentielle d’Emmanuel Macron ? Le maintien au PSG de Kylian Mbappé, pressé de s’illustrer au Real Madrid, que vient d’abandonner le Ballon d’or Karim Benzema pour pantoufler à prix d’or en Arabie séoudite.
Heureux comme un Algérien en France
« Je vais essayer de pousser pour. J’ai eu une discussion avec Kylian en amont, simplement pour lui conseiller de rester en France… C’est le rôle d’un président de défendre son pays », a déclaré l’Elyséen le 14 juin, à l’issue du Conseil des ministres. Cette implication personnelle dans une tâche d’intérêt national pour la France n’étonnera pas ceux qui se souviennent de la défaite des « Tricolores » en finale de Coupe du monde, avec le l’État se ruant sur le terrain pour, en matière de consolation et sous le regard réprobateur des dignitaires katariotes, embrasser un Mbappé d’ailleurs réticent.
Ces gênantes effusions étaient-elles sincères ou procédaient-elles également d’une intention politique ? De père camerounais, le footeux prodige est de mère kabyle. Or, après des propos contradictoires — la colonisation française en Algérie qualifiée de « crime contre l’humanité » puis l’accusation d’ailleurs justifiée lancée contre le gouvernement d’Alger d’entretenir « la dette mémorielle » —, Macron veut absolument se réconcilier avec la Djézaria et recevoir à Paris son président, Abdelmadjid Tebboune. Mais la donne a changé après l’annonce d’une loi plus restrictive sur l’immigration, et surtout la sortie de l’ancien Premier ministre (et actuel favori des sondages sur la prochaine présidentielle) Edouard Philippe se déclarant dans L’Express du 6 juin hostile à « l’immigration subie » et partisan d’une révision de l’accord franco-algérien de 1968 accordant aux Algériens des avantages inouïs par rapport au droit commun des étrangers. Ils peuvent ainsi, détaille l’Observatoire de l’immigration, solliciter un certificat de résidence de 10 ans après 3 ans de séjour seulement (contre 5 ans dans le cadre du droit commun), ceux qui détiennent un titre de séjour « commerçant » n’ont pas à justifier la viabilité de leur activité, d’où nombre de dérives. Plus incroyable encore, le coût de la délivrance des titres de séjour aux Algériens est pris en charge par… le contribuable français !
En finir avec « les cohortes étrangères faisant la loi dans nos foyers »
Furieux de la remise en cause, fût-elle seulement verbale, de ce traité si favorable, Tebboune ne veut plus venir et, pour montrer son déplaisir, a fait réintégrer le 21 mai par décret dans l’hymne national Kassaman (« Nous vaincrons ») le troisième couplet qui est une véritable déclaration de guerre à l’ancienne métropole : « Ô France ! / Le temps des palabres est révolu / Nous l’avons clos comme on ferme un livre / Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes / Prépare-toi ! Voici notre réponse. / Le verdict, notre révolution le rendra.! », etc.
Selon le président algérien, 6 millions de ses compatriotes vivent en France, essentiellement depuis l’indépendance dont ils espéraient merveilles et qui ne leur a apporté que misère, et surtout depuis la sanglante guerre civile entre islamistes du FIS et pouvoir FLN, la « deuxième guerre d’Algérie » qui, de 1991 à 2002, fit un million de déplacés, près de 150 000 morts, et autant d’exilés, principalement chez nous. La moitié de ces Algériens, soit 2,6 millions, ont obtenu leur nationalisation et disposent donc du droit de vote. Un réservoir électoral non négligeable, ce qui explique en partie les papouilles à Mbappé, idole des jeunes qui, après chaque victoire en foot de leur pays de cœur, envahissent la Canebière, la promenade des Anglais ou les Champs-Élysées, drapés dans le drapeau vert-blanc-rouge. On pourra désormais compter sur eux pour gueuler en chœur le troisième couplet de Kassaman. Voire pour le mettre en pratique. Ressuscitant ainsi sur le sol français la guerre civile que leurs parents ont fuie.
On comprend l’inquiétude d’Emmanuel Macron, mais ce n’est pas en voulant à toute force dérouler le tapis rouge pour Tebboune ni en papouillant Mbappé qu’il désarmera ceux qui méprisent les faibles. Au fait, et si l’on réactivait nous aussi, en en faisant un credo et une ligne de conduite, le troisième couplet de notre Marseillaise ? « Quoi! Des cohortes étrangères / Feraient la loi dans nos foyers ! / Quoi ! Des phalanges mercenaires / Terrasseraient nos fiers guerriers ! (Bis) / Dieu ! Nos mains seraient enchaînées ! / Nos fronts sous le joug se ploieraient ! / De vils despotes deviendraient / Les maîtres de nos destinées ! »
Camille Galic
Abdelmadjid Tebboune boude obstinément la France mais il s’est rendu avec enthousiasme à Moscou où il a paradé auprès de Poutine et signé le 15 juin plusieurs accords de « partenariat stratégique ». Si le président algérien trouve notre pays très pratique comme dépotoir pour tous ceux, chômeurs ou islamistes, dont il veut se débarrasser, il ne le considère plus comme une grande nation et préfère courtiser les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), club alternatif à l’ordre mondial dont l’Algérie aimerait faire partie. Voilà qui en dit long sur la stature internationale qui est aujourd’hui la nôtre grâce à Macron.
Chère Camille Galic vos analyses sont toujours aussi percutantes : quel plaisir de vous lire à nouveau !