Pour beaucoup d’observateurs la récession, en 2024, est inévitable, ce qu’il reste à établir c’est son degré d’intensité.
Quand la logique économique cesse de fonctionner
En la matière, nous sommes dans un trou noir, «Nous sommes en train de rentrer dans une situation où la Logique va cesser de fonctionner et pourtant, nos dirigeants semblent penser que tout est normal alors qu’il faudrait sonner le tocsin ». ( Charles Gave).
Il faut du temps pour que les hausses de taux se transmettent à l’économie. A cela s’ajoute une énergie chère en raison de la guerre en Ukraine en partie voulue par la politique et non strictement les marchés, même si l’Arabie Saoudite a décidé de réduire sa production pour maintenir les prix. La suspension des importations de pétrole et de gaz de la Russie vers l’UE devrait coûter 1,6 point de pourcentage à la croissance du PIB de l’UE, mais pas à l’Amérique, ce qui va accentuer le découplage des deux économies.
Le plus souvent, la combinaison de la hausse des taux et de la hausse des prix de l’énergie engendrent la crise (en 1973 par exemple) à quoi s’ajoute l’inflation. Or, les marchés et les politiques parient sur une hausse des taux brève et une inflation sur le déclin (14% sur l’alimentaire), un pari risqué. Nous sommes rentrés dans la période mortelle où le service de la dette se met à monter de façon exponentielle, et comme cette dette est détenue à 50% par des étrangers, cela signifie que nos déficits extérieurs vont eux aussi exploser à la hausse.
Charles Gave (1) ne pense pas que les marchés financiers pourront absorber ces volumes de dettes et il lui semble que l’Allemagne devrait, cette fois, refuser la monétisation de la dette par la BCE. Pour l’heure, on peut certes s’étonner de la résilience de l’économie mondiale tandis que la bourse continue sa lévitation optimiste .
Un réveil douloureux
Le réveil 2024 risque donc d’être douloureux, que va-t-il se passer? En France, le poids de l’état dans l’économie continuera à monter et la rentabilité des entreprises produisant en France à imploser, comme à chaque fois que ce poids de l’état monte. Jamais il n’a été aussi peu rentable d’être un entrepreneur en France. Pourtant la Macronie se félicite d’un taux de chômage en baisse. Un mystère ! La situation du marché du travail n’en finit plus d’étonner les économistes. Malgré un ralentissement de la croissance, qui devrait être inférieure à 1% en 2023, l’économie française continue de créer des emplois. Ces emplois sont des emplois de cadres, des emplois de qualification ou à l’inverse sous-qualifiés sur le mode ubérisation. En revanche le halo du chômage (personnes inactives souhaitant un emploi mais qui n’en recherchent pas ou sont indisponibles et largement marginalisées) augmente pour atteindre 4,6% de la population des 15-64 ans, à 2 millions de personnes.
Tous les prévisionnistes s’accordent à dire que le taux de chômage va remonter dans les prochains mois. En attendant la victime, c’est la productivité. Quand vous avez une production qui augmente peu mais l’emploi qui augmente, cela signifie que la productivité du travail se dégrade, elle fut pourtant un des caractères les plus marquants de la croissance française.
Olivier Pichon
(1) Entretien dans mon émission de fin juin TVL :
https://tvl.fr/politique-eco-n0393-avec-charles-gave-comment-les-brics-ont-renverse-le-g7