Assomption

L’assomption : une fête catholique et un jour férié sacrifié

Bon week-end du 15 août ! C’est par ces mots qu’une brave commerçante m’a salué hier au moment où je quittais sa boutique. Cela m’a interpellé. Pas seulement parce qu’il est singulier de souhaiter un bon week-end le lundi alors que le week-end précédent est passé et que le 14 août n’est pas chômé. Mais surtout parce que les catholiques ne connaissent pas le week-end du 15 août : ils ne connaissent que l’Assomption ! Mais d’ailleurs, l’Assomption, qu’est-ce que c’est ?

Il convient d’abord d’éviter une confusion. L’Eglise connaît l’Ascension et l’Assomption. L’Ascension « célèbre le jour glorieux où Jésus Christ, en présence de ses disciples, monta au ciel par sa propre puissance, quarante jours après sa résurrection[1]. » Par l’Assomption, l’Eglise enseigne « que le corps de la Vierge Marie fut élevé au ciel avec son âme (…) au-dessus de tous les chœurs des Anges et de tous les Saints du Paradis, comme Reine du ciel et de la terre[2]. »

L’étymologie permet de distinguer clairement les deux événements. Ainsi, Ascension provient du latin ascendere, qui signifie « monter », ascensio désignant « l’action de monter, l’ascension[3] », tandis que Assomption est issu du latin ad sumere ou assumere qui signifie « être enlevé, être transporté vers[4]… » Le Christ monte donc au ciel par sa propre puissance, alors que la Vierge Marie est élevée en gloire par la grâce de Dieu.

L’origine de l’Assomption est fort ancienne, puisque l’Eglise la célèbre dans la liturgie du 15 août depuis le VIIe siècle. Il s’agit d’un dogme, c’est-à-dire, d’une vérité que l’Eglise demande aux fidèles de croire, sans nécessairement prendre parti dans les discussions théologiques. Ainsi, la question reste débattue de savoir si la Vierge est morte, puis a été ressuscitée, ou si la Vierge est passée directement de la condition terrestre à sa condition glorieuse[5] sans que cela n’enlève rien au dogme de l’Assomption. Les sources de ce dogme se trouvent dans un livre apocryphe du IVe siècle attribué à Méliton de Sardes ou à Saint Jean l’Evangéliste : le Tansitus Mariae. Il a ensuite été repris par Jacques de Voragine dans la célèbre Légende dorée[6].

Le dogme a été officiellement défini comme vérité de foi par le pape Pie XII dans une Constitution apostolique du 1er novembre 1950. Ce texte indique que « C’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste[7]. »

En consacrant la France à la Vierge le 10 février 1638, le roi Louis XIII a fait du 15 août la principale fête du royaume. Sous le premier Empire, le 15 août devint même jour de fête nationale sous l’égide de Saint-Napoléon. Il est vrai que Napoléon Bonaparte était né le 15 août en 1769. Remplacée comme fête nationale par le 14 juillet en 1880, le 15 août reste la principale fête patronale des catholiques.

Le catéchisme de Saint-Pie X nous invite à nous réjouir de l’Assomption, de vénérer la Vierge Marie et de la prier pour obtenir les grâces que nous méritons. Les pêcheurs eux-mêmes peuvent faire confiance à la Sainte Mère de Dieu pour leur obtenir de Dieu la grâce de la conversion. Une grâce fort espérée en les temps troublés que nous connaissons.

André Murawski – 15 août 2023

[1] Catéchisme de Saint Pie X, Editions Dominique Martin Morin, 2010

[2] Ibid

[3] Dictionnaire latin-français, Félix Gaffiot, Hachette, 1934

[4] https://www.famillechretienne.fr/vie-chretienne/autres-temps-liturgiques/d-ou-vient-le-mot-assomption-259560

[5] Abbé Pierre Descouvemont, Guide des difficultés de la foi catholique, Les Editions du Cerf, 1990

[6] Stefano Zuffi, Le Nouveau Testament, Hazan, 2003

[7] Catéchisme de Saint Pie X, Editions Dominique Martin Morin, 2010

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