J’ai trouvé, le même jour, dans ma boite aux lettres, le Magazine des amis de Jean Mabire et la revue du Cercle des amis de Léon Degrelle. Ce qui me frappe d’abord, c’est la qualité de ces deux publications. Je sais bien que les coûts de fabrication ont fortement baissé, mais je sais aussi que le prix du papier, lui, a explosé, et que les tarifs postaux, comme la SNCF et quelques autres services plus ou moins publics, ont été multipliés par deux.
Si ces associations sont en mesure de publier des revues de cette qualité, c’est qu’elles doivent pouvoir compter sur un groupe de bénévoles consistant pour rédiger, collecter des contributions, corriger les textes, chercher des illustrations, concevoir la maquette, mettre sous enveloppe, tenir le fichier à jour, que sais-je encore ? Apparemment Jean Mabire comme Léon Degrelle ont suffisamment d’amis fidèles pour que tout cela tourne plutôt bien. Pourtant Degrelle est mort il y a près d’une trentaine d’années et Mabire en 2006, si je me souviens bien.
C’est que Mabire, je l’ai rencontré ! Ma tante Mathilde m’avait trainé à un salon du livre. Etait-ce à Saint-Malo ou à Granville ? Je ne sais pas trop. Il y avait beaucoup de monde à son stand, de beaux garçons minces, à l’allure sportive. J’avoue que mes 15 ans n’étaient pas insensibles à ce public. Mais Mabire, lui, avec son crane rond et chauve, m’impressionnait et me faisait même un peu peur. On aurait dit un catcheur ! J’ai longuement discuté avec les garçons, ils étaient organisés en une sorte de club, les « oiseaux migrateurs ». Mais je n’ai pas échangé un seul mot avec le « catcheur », que son fan’club appelait « mait’Jean ».
Aucun des livres qu’il dédicaçait ce jour-là n’était susceptible de m’intéresser : des récits de guerre, des histoires de parachutistes. Tante Mathilde, elle, était aux anges. Elle avait sélectionné une pile de livres à faire dédicacer : Noël approchait. Je craignais de trouver dans mon soulier ce livre Degrelle et la légion Wallonie, qu’elle brandissait sous le nez de Mabire, alors que j’espérais secrètement une trousse de maquillage ou un bon pour me faire une beauté chez Séphora. Par chance, c’est mon frère qui a eu le Degrelle, et moi la trousse de maquillage. Imaginez le contraire ! Je sais, c’est à la mode, mais pas dans notre famille.
Il n’empêche que ce jour-là, sur cette couverture de livre, j’ai découvert l’existence du dénommé Degrelle, un Belge, habillé en soldat, à l’allure très juvénile. Et quel sourire ! J’en suis tombée raide dingue…jusqu’à ce que j’apprenne que la photo … datait de la guerre !
Une dette à leur égard
Ce souvenir m’est revenu en mémoire, en dépouillant mon courrier, et en découvrant ces deux publications. Mabire… Degrelle… ma tante Mathilde… mon grand-oncle Brigneau… Ils ne sont plus parmi nous, et j’ai la nostalgie de cette époque. Mais s’il y a des associations, bien vivantes, telles celles des amis de Degrelle et de Mabire, c’est que je ne suis pas la seule à me souvenir avec un pincement au cœur de ces moments, de ces rencontres. En parcourant ces deux bulletins associatifs, je relève que les contributeurs évoquent d’ailleurs souvent leur dette à l’égard de ces personnes. Une dette si forte qu’ils tiennent à prolonger une amitié que la mort aurait du logiquement interrompre. J’aime bien ces marques de continuité, de communion spirituelle, elles donnent une petite idée – une toute petite idée – de la notion de vie éternelle.
Madeleine Cruz
Magazine des amis de Jean Mabire, 1 rue de l’Eglise 02330 – Baulne-en-Brie
Cercle des amis de LD, BP 92733, 21027 – Dijon cedex