Les saints doivent parfois être un peu surpris de voir qui implorent leur patronage ; ainsi de Georges, sous la protection duquel se placent, au Brésil, les bicheiros, patrons de jeux clandestins… qui apprécient de se mettre ainsi sous la sauvegarde d’un guerrier !
On découvre ce point de détail à la lecture de l’excellente bande dessinée parue aux éditions du Triomphe, consacrée à celui qui est souvent représenté en train de vaincre le dragon. Appuyée sur une solide documentation dans une première partie, elle resitue avec justesse l’histoire de la Cappadoce, lieu de naissance de Georges, devenue province romaine en 17 sous Tibère et, dès le IIIe siècle, l’une des premières provinces de l’Empire à population en majorité chrétienne. L’enfant naît vers 280, d’un père officier dans l’armée romaine et d’une mère, Polycronia, originaire de Palestine. A la mort de son père au service de l’empereur, Georges et sa mère repartent pour la Palestine. L’adolescent décide d’entrer lui aussi dans l’armée et se révèle brillant officier. Mais lorsque Dioclétien exige de tous de sacrifier aux idoles, Georges s’y refuse et meurt martyr de sa foi chrétienne. Une église, dont l’existence est attestée en 514, recouvre son tombeau en Palestine, où son corps a été transporté par les chrétiens – première de toute une série d’édifices placés sous son patronage au Moyen Orient puis en Europe.
Jacques de Voragine, au Moyen Âge, écrit la vie des saints non tant en respectant l’exactitude historique que pour l’édification des fidèles. La deuxième partie de la bande dessinée reprend la vie de saint Georges décrite dans La Légende dorée. L’auteur explique que le combat contre le dragon représente une belle leçon de foi, la délivrance d’un pays dominé par le Malin pour en faire un lieu de chrétienté.
En dehors des bicheiros déjà évoqués, les chevaliers, particulièrement les Templiers, les armuriers, les selliers, les cavaliers et l’arme blindée se mettent sous la protection du saint martyr. De nombreux pays le font aussi, comme la Russie, l’Angleterre ou la Géorgie. Enfin, les dernières pages content le rôle de saint Georges dans la formation des scouts, sur lequel insiste le père Sevin. Saint Georges, en effet, allie courage, esprit de service, force, abnégation, espérance, générosité… Un bel exemple à connaître et à suivre.
Anne Le Pape
• Saint Georges, Vaincre le dragon, scénario de Jean-Marie Michaud et dessins de Louis-Bernard Koch, éditions du Triomphe, 50 pages.

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