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Le coup d’œil de Philippe Randa : folie ordinaire à Villeneuve-de-Marc

La période estivale n’est certes pas la plus facile pour les journalistes ; à moins d’une déclaration de guerre inattendue entre deux pays décidés à en découdre, l’actualité n’intéresse guère lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs partant ou revenant de leurs sacro-saintes vacances.

Aussi, les médias font ce qu’ils peuvent et n’hésitent pas, faute de mieux, à donner au moindre fait-divers, fut-il ou aurait-il pu être dramatique, une importance parfois quelque peu disproportionnée : ainsi de l’agression du maire de Villeneuve-de-Marc dans l’Isère.

Gilles Dussault a été « frappé au niveau du thorax et du bras (de) trois coups (dont) deux au thorax » par Malek A., anciennement algérien devenu une « chance pour la France » comme ce fait-divers ne le démontre pas.

Ce dernier était furieux d’une vieille histoire de bâtiment municipal dont une partie s’étant effondrée, avait endommagé… son abri de jardin ! Une discorde d’importance, comme on peut en juger, à côté de laquelle celles entre Russes et Ukrainiens ou entre Israéliens et Palestiniens pourraient paraître peut-être exagérées !

Le fils du Maire étant accouru pour porter secours à son père, l’agresseur est revenu, cette fois au volant de sa voiture, pour les écraser, heureusement sans succès, ce qui l’envoya dans le décor : un aussi mauvais assassin que conducteur !

Une histoire sans envergure, aussi minable que débile, qui se termine sans drame puisque le maire, dont le poumon a tout de même été perforé, est désormais hors de danger, tout comme son fils, malmené lui aussi par leur irascible voisin.

Certes, c’est bien en raison de sa fonction de Premier élu de la ville que Gilles Dussault a failli y passer et que son fils s’est retrouvé en danger collatéral, mais c’est surtout et principalement parce qu’ils ont eu l’un et l’autre la malchance d’avoir affaire à un agresseur quelque peu, comment dire… dérangé du carafon, non ?

D’abord pour le motif de sa colère, puis pour être reparti chez lui chercher une arme (un tournevis, semble-t-il) pour se venger… avant de revenir à nouveau voir le résultat de ses exploits, cette fois au volant de sa voiture et, constatant que père et fils bougeaient encore, tenter de finir le travail d’un maladroit coup d’accélérateur qui ne fut fatal qu’à sa carrosserie.

Arrêté peu de temps après par les gendarmes, ses explications furent à la hauteur de ses actes : concédant qu’il n’avait « aucune raison objective » de passer par là ce jour-là, c’est le « sourire sadique » que lui jeta le Maire qui lui aurait fait « péter un plomb », mais qu’on ne croit pas qu’il soit revenu pour écraser le père et le fils, non, car ce sont ces derniers qui se sont «  jetés sous les roues de sa voiture, l’obligeant à donner un coup de volant » : à l’évidence, Malek A. pourrait faire sienne la citation de l’écrivain québécois Jean-Michel Wyl : « Je ne crois pas que les fous existent. Il y a seulement des incompris. »

La classe politique dans son ensemble a légitimement apporté son soutien à Éric Dussault et à son fils, en a profité pour s’auto-consterner sur la condition des élus de la République et pour s’indigner que, même eux, soient confrontés à de tels dangers ! Comme on les comprend !

Apprécions donc, pour ce père et son fils, et au-delà de la fonction du premier, l’heureuse fin de leur mésaventure, mais rappelons que tous les citoyens de ce pays, des plus humbles aux plus favorisés, peuvent être potentiellement victimes de telles violences… et que de plus en plus de citoyens tout aussi honorables que les Dussault en sont désormais victimes : « Les services de police et de gendarmerie nationales ont enregistré 450 100 victimes de violences physiques en 2024 (hors homicides et tentatives d’homicides), soit une augmentation de 1 % par rapport à 2023 », rappelle le www.vie-publique.fr qui précise : « Les victimes de violences enregistrées par les services de sécurité ne constituent qu’une minorité des personnes ayant subi ce type de faits. D’après l’enquête “Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS) 2023”, seules 22 % des personnes majeures, victimes de violences physiques en 2022, ont porté plainte. »

Et ces centaines de milliers de victimes de violences physiques n’ont pas toutes la chance de survivre à leurs rencontres avec un foldingue… La réaction, tout autant que la compassion, de « la classe politique dans son ensemble » se fait alors parfois… attendre !

Philippe Randa

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