De très importantes élections aux parlements des communautés autonomes et dans les municipalités se sont déroulées en Espagne. Le parti populiste de droite Vox augmente ses scores et ses sièges quasiment partout, il devient le parti clef dans six communautés. Le Parti Populaire, quant à lui, est le premier parti d’Espagne.
Dimanche 28 mai, ont eu lieu les élections dans 12 des 17 communautés autonomes, afin d’élire les députés à ces 12 parlements, outre les deux villes autonomes des enclaves marocaines de Ceuta et Melilla, et ce pour un mandat de 4 ans. Pareillement, les espagnols ont désigné les représentants des 8131 municipalités du pays, aussi pour un mandat de quatre ans.
En mai 2019, Le PSOE avait obtenu de gouverner la quasi-totalité de ces 12 communautés autonomes, soit l’Aragon, les Asturies, les Iles Baléares, les Canaries, La Cantabrie, la Castille-La Manche, l’Estrémadure, La Rioja, la Navarre, la Communauté Valencienne, et l’enclave de Melilla en association avec des indépendants. Il s’agit d’un scrutin à un tour, au suffrage universel direct selon les règles du système proportionnel d’Hondt. Le Parti Populaire (PP) parti de centre-droit équivalant à nos Républicains, avait obtenu la gouvernance de la Communauté de Madrid, de la Région de Murcie et de l’enclave de Ceuta. Le PSOE avait aussi très largement remporté les élections municipales.
Des communautés aux pouvoirs étendus
Les communautés autonomes espagnoles disposent de pouvoirs bien plus étendus que nos régions françaises. Les députés de chaque communauté élisent ensuite un Président qui constituera une sorte de gouvernement régional, d’où la très grande importance de cette consultation, avant les élections générales du mois de décembre prochain qui verront le renouvellement des Cortès.
Il faut savoir qu’en Espagne, depuis 2019, le pays est à la merci d’un conglomérat extrémiste représenté par le PSOE qui s’est totalement radicalisé, allié avec les néos communistes de Podemos, les indépendantistes les plus enragés de Bildu (les anciens terroristes de l’ETA) et les séparatistes catalans. On assiste en effet dans la péninsule à un extrême gauchissement des socialistes du fait qu’ils n’ont pas la majorité aux Cortès sans Podemos, Bildu et l’ERC. Le PSOE n’est plus le parti social-démocrate du temps de Felipe Gonzàlez. Comme après les élections perdues de novembre 1933, il s’est en quelque sorte bolchévisé, l’Histoire recèle des constantes.
Les résultats du 28 mai sont sans appel. Le peuple espagnol ne veut plus de cette engeance de malheur qui met le pays en coupe réglée. Ces derniers mois de multiples scandales judiciaires, délictueux, frauduleux s’étaient multipliés dans les rangs de la gauche et de l’extrême gauche. Des lois bafouaient la propriété privée, en donnant tous les pouvoirs aux squatters par exemple, ou amnistiaient les leaders catalans qui avaient violé la constitution, ou faisaient libérer de prison des agresseurs sexuels en abaissant les sanctions. Le PSOE légiférait pour que des pontes du PSOE, condamnés par la justice pour détournement de fonds, n’aillent en prison. L’un des principes de Pedro Sanchez était de bafouer les décisions judiciaires, comme celle qui oblige les autorités catalanes à réserver 25% des cours en langue castillane, volontairement et pour conserver sa majorité de bric et de broc, Sanchez a refusé d’appliquer les sentences de Justice.
Vox en arbitre
Ainsi le PP, s’il s’associe à Vox, obtiendra la majorité absolue en Aragon, dans la Communauté Valencienne, qui est une région très importante en nombre d’électeurs. Le PP y obtient 40 sièges, Vox 13, le PSOE 31, la majorité absolue étant fixée à 50 sièges, le PP ne pourra la gouverner qu’avec Vox. Ce dernier triple le nombre de ses députés aux autonomies et obligerait le PP à une alliance si ce dernier entend gouverner ces six régions et ne pas les laisser aux gauches. Ce sera l’enjeu majeur des prochaines semaines. Aux municipales, en 2019 Vox avait 3,56% des voix contre 7% cette fois ci. Vox a obtenu des conseillers dans presque toutes les capitales de province, dont les quatre capitales catalanes et à Avila.
Le PP pourrait également gouverner Melilla et Ceuta.
Une région recèle tout la problématique politique qui va se poser dans les semaines qui viennent : L’Estrémadure. Dans cette communauté très ancrée à gauche, le PP obtient 28 sièges à égalité avec le PSOE, sauf que le PP en avait 20 en 2019 et le PSOE 34. Vox qui n’était pas représenté en 2019, obtient 5 sièges. La majorité absolue est de 33 sièges. Vous l’aurez compris, pour gouverner l’Estrémadure, le PP doit s’allier à Vox impérativement.
En Castille la Mancha, le PSOE avec ses 17 sièges conserve la majorité absolue, le PP n’obtient que 12 sièges et Vox fait son entrée dans ce parlement avec 4 sièges contre 0 en 2019.
Vox, augmente ses sièges provinciaux et en obtient là ou il n’en avait pas, comme aux Canaries, avec 3 sièges contre aucun en 2019.
A Madrid, on votait à la fois pour la Communauté et pour la municipalité. Pour la Communauté autonome, Isabel Diaz Ayuso du PP conserve la majorité qu’elle avait obtenue de haute lutte en 2021 avec 71 sièges, la majorité étant à 68 sièges, Vox obtient 10 sièges. Aux municipales, Almeida du PP pourra gérer Madrid, la ceinture rouge de Madrid s’effiloche.
Effondrement des centristes
Deux autres enseignements politiques doivent être soulignés. D’une part le parti centriste Ciudadanos (les citoyens) qui en 2019 avait fait des scores très importants s’effondre, il disparaît quasiment du paysage politique. Il paie sa duplicité, puisqu’il n’a eu de cesse de balancer entre le PP et le PSOE. Quant à Podemos, il a souffert d’une division avec un parti qui s’est créé tout récemment Sumar. La présence de Sumar n’a pas permis de compenser les pertes de Podemos, pourtant Sumar veut dire ajouter, additionner !
Aux municipales, le PP s’impose dans 27 des 50 capitales régionales, dont 13 à la majorité absolue. En Andalousie, qui ne renouvelait pas ses députés, puisqu’en juin dernier à la suite d’une dissolution, Juan Moreno du PP y avait obtenu la majorité absolue, le PP va désormais être aux commandes des principales villes andalouses dont Séville la Capitale qui passerait à droite. Valence passe aussi à droite comme Palma de Majorque. L’Andalousie qui était à gauche depuis le début de « la transition démocratique » est quasiment totalement à droite.
Au niveau national, le PP obtient 31,5% des voix, soit 3,4% de plus que le PSOE.
Les parlements autonomes se réuniront à partir du 13 juin et devront alors élire leur Président, ses élections dureront jusqu’à la fin juin. Ces journées seront déterminantes pour savoir notamment, si le PP d’Alberto Nuñez Feijoo, acceptera de joindre ses sièges à ceux de Vox présidé par Santiago Abascal pour chasser les gauches partout où cela est possible. D’ici là, ces dernières vont vociférer « au fascisme » comme d’habitude. Le PP aura-t-il le courage politique de résister aux oukases du PSOE, de Podemos, de Sumar ? C’est à mon sens tout l’enjeu de ces scrutins pour les exécutifs régionaux voire municipaux.
Michel Festivi
Dernière minute : Pedro Sanchez vient d’annoncer la dissolution des Cortès et la convocation de nouvelles élections qui se tiendront le dimanche 23 juillet prochain, au lieu de la fin décembre comme cela était programmé.