porno

Porno : comment l’esprit vient (trop tard) à Libé

C’est une révision presque aussi déchirante que celle à laquelle furent contraints les partis communistes en général et le PCF en particulier après la publication en 1956 du Rapport Khrouchtchev sur l’abominable bilan du stalinisme (le précurseur Lénine, pas moins sanguinaire, étant sauvé des eaux). Le 30 mai, sous la plume d’un de ses journalistes vedettes, Jonathan Bouchet-Petersen, Libération titrait en effet : « Oui, il faut interdire le porno gratuit sur Internet ».

Un quotidien en perdition

Oubliées, les pages de « petites annonces » inspirées du Chasseur français mais plus graveleuses les unes que les autres, oubliées les odes à la pédomanie et les incitations à la libération sexuelle pour tous et sous toutes ses formes. Oublié l’acharnement infâme — comme Elisabeth Borne a qualifié la genèse et le programme du Rassemblement national — à faire admettre dans la normalité les pires perversions. Après un éloignement qui ne lui a pas rapporté grand-chose, l’historique Serge July est revenu dans le giron de Libé mais les propriétaires ont changé. Certes, les grossiums veulent bien, comme l’Etat d’ailleurs, financer à fonds perdus ce quotidien en perpétuel déficit (en 2020, ses dettes cumulées se situaient entre 45 et 50 millions d’euros et, en 2021, sa perte d’exploitation s’élevait à 7,9 millions d’euros… alors qu’il aurait suffi de 500 000 euros pour sauver le quotidien Présent !) mais c’est pour l’instrumentaliser à des fins géopolitiques autant qu’économiques : raison pour laquelle son actionnaire principal, la multinationale de droit luxembourgeois Altice du milliardaire Patrick Drahi, détenteur des nationalités marocaine, française, israélienne, portugaise et christophienne, a imposé comme directeur en remplacement de Laurent Joffrin le Franco-Israélien Dov Alfon, ancien officier des services secrets de Tsahal. Mais, en échange de ce pognon de dingue, Altice refuse les dérapages trop voyants.

Qui a contribué à pervertir notre jeunesse ?

Or, l’heure est grave. Comme l’expose Jonathan Bouchet-Petersen à ses plus anciens lecteurs, qui risqueraient d’être surpris par ce subit accès de moralisme, « C’est peu dire que les chiffres témoignant de l’accès massif de nos ados au porno en ligne interpellent. Ils sont même très inquiétants. Il y a là un enjeu de santé publique que la société ne doit pas prendre à la légère. Une récente étude de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a constitué une nouvelle alerte. Réalisée en 2022 auprès de 25 000 personnes, elle pointe une consommation grandissante par des mineurs de plus en plus jeunes, la plupart du temps via leurs téléphones portables dont l’usage ne cesse de s’étendre bien avant l’âge de 18 ans. Concrètement, environ 2,3 millions d’enfants en France – un garçon sur deux entre 12 et 17 ans et même 21 % de ceux qui ont 10-11 ans – sont exposés à des images pornographiques pendant plus de cinquante minutes en moyenne chaque mois. Soit 600 000 de plus qu’à l’automne 2017 et un niveau à peine plus faible que les adultes, qui sont 37 % à regarder ces contenus. »

Chiffres terrifiants, en effet, et qui expliquent la multiplication des « tournantes » et autres « jeux » qui font tant de victimes, et pas seulement dans les banlieues ethniques où les ados, si dépendants de leur portables, sont aussi exposés que les jeunes Gaulois aux écœurantes vidéos qui abondent, et même d’autant plus qu’ils sont souvent déculturés, projetés d’un univers patriarcal et traditionaliste dans un monde régi en matière sexuelle par le mot d’ordre « No limits ! » Or, découvre le journaliste de Libé, « nourrir son imaginaire sexuel, a fortiori à un âge où celui-ci est naissant, par des vidéos pornographiques souvent dégradantes pour les femmes et pour la plupart très éloignées de ce qu’est la sexualité dans la vraie vie a un impact délétère. Sur l’enfant en construction comme sur l’adulte qu’il deviendra. » Conclusion : « Si le gouvernement veut vraiment agir sur l’exposition des mineurs à la pornographie, un simple “encadrement” ne suffira pas : il ne faut autoriser sur Internet que les offres payantes. »

On ne peut que souscrire à cette analyse encore que l’efficacité du remède proposé soit douteuse. Mais le virage est bien tardif A l’heure où repentance est systématiquement exigée pour leurs péchés imprescriptibles de « l’extrême droite » bien sûr, mais également des Blancs, des hommes ou de l’Eglise, le journal qui se voulait le quotidien du peuple ne devrait-il pas aussi présenter ses regrets pour sa responsabilité dans les dérives actuelles et les dommages qu’il a causés à la jeunesse française ? Ainsi que l’écrivait Nikita Khrouchtchev dans ses Mémoires inédits (éd. Belfond, 1990) à propos des purges staliniennes — auxquelles il avait d’ailleurs participé : « Et maintenant, tout cela devrait être oublié et pardonné ? Jamais ! »

Camille Galic

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *