Le ministre de l’économie est content de lui, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,5% entre avril et juin. Il salue une «performance remarquable» de l’économie française (et non celle de M. Le Maire).
Certes, l’activité repart en France, tirée par les exportations, mais quelles exportations ? Tandis que la consommation des ménages reste en berne, dans un contexte de guerre, on ne s’étonnera pas que ces exportations portent sur… les armes et cela ne suffira pas à résorber de déficit commercial qui est considérable. Cette première estimation de l’INSSE est supérieure à sa prévision d’une croissance de 0,1% de l’économie entre avril et juin, mais, cela, non plus, ne saurait contribuer à la réduction de la dette. Comme d’autres économies européennes, la France a connu une très faible croissance, à mesure des effets de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt, en particulier, la flambée des prix alimentaires, qui frappe directement les Français au portefeuille, et a atteint 14% sur un an le mois dernier.
Christine Lagarde contre Bruno Le Maire ?
Hélas, la Banque centrale européenne a de nouveau relevé jeudi ses taux directeurs face à une inflation jugée encore trop élevée, au risque d’affaiblir l’économie. 0,25 point de pourcentage décidés jeudi 27 juillet, comme en juin, porte le taux de dépôt des liquidités bancaires à la BCE, qui fait référence, à 3,75 %, au plus haut depuis le printemps 2001. C’est la neuvième hausse d’affilée. Un an après avoir lancé le cycle de relèvement des taux le plus rapide de leur histoire, les inconditionnels de l’euro persistent. Cette politique renchérit le coût auquel entreprises et ménages empruntent, ce qui doit amener une baisse de la demande et donc de l’activité économique. Cette politique monétaire restrictive passe de plus en plus mal auprès de certaines économies européennes fragiles. Giorgia Meloni a critiqué, fin juin, la «recette simpliste» de la BCE consistant à augmenter les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, craignant que «le remède se révèle plus dommageable que la maladie».
L’Allemagne aux commandes de la politique monétaire
En revanche le seul à s’en féliciter est le président de la Banque centrale d’Allemagne, Joachim Nagel, «faucon» adepte de la rigueur monétaire selon qui l’inflation est «une bête avide» et «relâcher la lutte trop tôt (serait) une erreur ».
Les Allemands restent congénitalement hantés par le souvenir (négatif) de l’hyper inflation de 1921 /22 (il y a donc un siècle) qui est considérée comme une des causes de l’arrivée d’Hitler au pouvoir (1923 Putsch raté de Munich). Ou encore celle de 1945 1949, (positif) à l’issue de laquelle la reforme Erhard permit la renaissance de l’économie allemande avec la fondation du Deutsch mark.
Démonstration, s’il en est besoin, que les intérêts des pays européens sont divergents, que l’euro ne saurait les unir et que c’est l’Allemagne qui est aux commandes pour les taux d’intérêts et la politique monétaire.
Nous avions, paraît-il, le Mozart de la finance à Paris mais assurément le Beethoven de la monnaie est à Francfort.
Olivier Pichon