Tout le pays, à commencer par l’Elysée et Eglise de France, a rendu hommage au général Georgelin, à l’occasion de sa brutale disparition. Mais bien évidemment personne ou presque n’a rappelé que cette grande personnalité militaire avait lu avec passion pratiquement toute l’œuvre de Jean Madiran, qu’il admirait, et que cette lecture n’avait pas été pour rien dans ses engagements.
Répondant l’an dernier aux questions du site Boulevard Voltaire, le général avait certes expliqué que s’il avait été choisi par le président de la République pour diriger le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris, c’était en raison de ses compétences de meneur d’homme : « On a mis un général, car un général, c’est une question de leadership et d’organisation. Je suis là pour faire avancer le projet, pour faire travailler tout le monde ensemble et pour atteindre l’objectif qui est de réaliser ce chantier sur une durée de cinq ans ».
Mais s’il avait accepté de mettre cette compétence au service d’un projet d’une telle ampleur, c’est qu’il y voyait bien autre chose qu’un chantier architectural de très grande ampleur. Il avait précisé à Boulevard Voltaire : « l’objectif est de rendre la cathédrale au culte pour les catholiques, donc à l’archevêque de Paris, en 2024. »
De ce point de vue, la formation intellectuelle et spirituelle que lui avait prodiguée Jean Madiran, à travers les pages d’Itinéraires et dans ses livres, a certainement pesé lourd dans l’acceptation de cette mission, exceptionnelle et ultime.
Rappelons qu’en 1966 l’épiscopat français avait mis en garde les catholiques contre la revue Itinéraires et les écrits de Madiran qu’elle véhiculait. Cette mise en garde n’avait certes pas la portée de la condamnation de 1926 des écrits de Maurras et du quotidien L’Action française (condamnation levée en 1939), mais elle se voulait néanmoins réfutation solennelle des analyses de Madiran sur la crise de l’Eglise, analyses malheureusement confirmées en tous points, avec le recul du temps. Force est de constater que des personnalités comme celle du général Georgelin se sont façonnées bien davantage à la lecture de Madiran qu’à celle du père Congar ou à la contemplation des gesticulations de Mgr Gaillot.
Jean-Louis Georgelin était oblat chez les bénédictins (comme son prédécesseur, le général Olié, et comme Claudel, Huysmans, Max Jacob ou Robert Schuman). Ce qui montre la place éminente que tenait la foi catholique chez lui.
Agathon