Annonçant que, le 28 août 2024, la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques aura lieu avenue des Champs-Élysées et place de la Concorde, son organisateur Thomas Joly précisait samedi avec fierté dans Le Parisien : « On va évoluer sur une place qui a compté dans l’histoire de France, qui un temps s’est appelée place de la Révolution, a hébergé la guillotine… Quel meilleur endroit pour faire société que de retourner ici ? Cette cérémonie sera politique, militante. » Tant d’autosatisfaction dans l’indécence, l’ignorance ou l’inconscience laisse pantois.
Mais, en attendant les J.O., on peut légitimement se demander si ce 16 octobre, 230ème anniversaire de la décapitation de Marie-Antoinette, il sera loisible de rendre hommage à la reine martyre ou s’il sera au contraire impossible de saluer sa mémoire sous prétexte des actes ou propos éventuellement répréhensibles auxquels l’évocation de son souvenir pourrait très éventuellement donner lieu. La question se pose hélas aprèsl’interdiction in extremis par le préfet de police de Paris du « rassemblement du mouvement Les Nationalistes annoncé par les réseaux sociaux pour le samedi 2 septembre au cimetière de Thiais (94)» au motif que « l‘absence d’autorisation de la ville de Paris et les risques de propos ou de gestes contraires aux lois de la République justifient cette interdiction ».
Le nationalisme, voilà l’ennemi !
Quel était l’objet de ce rassemblement si dangereux pour l’ordre républicain ? Un moment de recueillement sur la tombe dePierre Sidos, cofondateur du mouvement Jeune Nation dissous en 1958 pour son antigaullisme militant, reconstitué sous le nom de L’Œuvre Française, puis derechef dissous en 2013, précise Le Figaro, qui ne s’émeut nullement de la décision inique prise par le préfet Laurent Nunez, « dans la foulée de la mort à Paris du militant d’extrême gauche Clément Méric lors d’une bagarre avec des groupuscules d’extrême droite » — bagarre que Méric avait provoquée.
Nationaliste intégral mais également social et décédé le 4 septembre 2020, Pierre Sidos se réclamait de l’héritage tout à la fois d’Edouard Drumont, de Charles Maurras, de Maurice Barrès et de Bardèche. Sous prétexte que Sidos, Bardèche et leurs émules — dont le fidèle Yvan Benedetti, successeur de Pierre Sidos à la tête de Jeune Nation et aujourd’hui président des Nationalistes — avaient des sympathies pour la Commune de Paris et se rendaient chaque année au Mur des Fédérés érigé à la mémoire des 147 communards fusillés et abandonnés dans une fosse commune par l’armée versaillaise à l’issue de la Semaine sanglante de mai 1871, les hommages aux Fédérés seront-ils, eux aussi, bientôt interdits , comme l’ont été en mai dernier le colloque de l’Iliade sur Dominique Venner et plusieurs cérémonies ou réunions en l’honneur de Jeanne d’Arc ?
Chasse aux sorcières, comme sous McCarthy
Au regard de ces intolérables atteintes aux libertés publiques peut paraître dérisoire la tempête sur la venue du très renommé chef d’orchestre Beatrice Venezi, invitée pour la seconde fois à diriger l’orchestre philharmonique de Nice lors des concerts et ballets de Noël, mais elle témoigne du même totalitarisme. La signora Venezi, une superbe blonde de 33 ans (1), peut bien être admirée par ses pairs du monde entier et avoir reçu de multiples récompenses, elle n’en reste pas moins la fille d’un ancien président du mouvement nationaliste italien Forza Nuova et une proche de Giorgia Meloni, présidente des Fratelli d’Italia et aujourd’hui présidente du Conseil italien, qui a fait d’elle sa « conseillère musique ».
Les mêmes qui, après la chute des colonels grecs, avaient applaudi le gouvernement socialiste d’Athènes faisant appel aux lumières des communistes Melina Mercouri et Mikis Theodorakis (plus tard tombé en disgrâce pour son antisionisme), exigent donc la dénonciation du contrat liant Nice à la « fasciste » Venezi, si grand soit le talent de celle qui, circonstance aggravante, se veut direttore d’orchestra, et non direttrice. Parmi les épurateurs gueulant « Siamo tutti antifasciti » : les sections locales de la CGT, des Verts, d’Ensemble !, du Planning familial et une kyrielle de lobbys tels le Comité antifasciste 06, Roya citoyenne fondée par le passeur de migrants Cédric Herrou, ou l’Association pour la démocratie à Nice — une démocratie très sélective.
Quel rapport en effet avec l’art qui, dit-on, n’a pas de patrie et ne devrait pas avoir davantage de parti ? Directeur général de l’Opéra de Nice, Bertrand Rossi soutient avec bon sens que « la musique ayant le pouvoir de transcender les clivages et de rassembler les individus autour d’une expérience commune, il est essentiel de séparer l’art de la politique », mais il est à craindre que les mélomanes de Nissa la bella soient privés à Noël de Beatrice Venezi comme les mélomanes toulousains sont privés du Russe (d’origine ossète) Tugan Sokhiev, directeur musical depuis 2010 de l’Orchestre national du Capitole où il faisait merveille, et cependant contraint de démissionner en mars 2022 après les premiers combats russes contre l’Ukraine.
Mais l’on continuera ad saecula saeculorum à imputer et à reprocher au seul régime national-socialiste la dissolution — décidée en 1933, par son directeur Mies van der Rohe — du Bauhaus où fleurissait l’« art dégénéré », et à flétrir pour son sectarisme obtus le sénateur Joseph McCarthy et sa Commission sur les activités anti-américaines (bien réelles) au sein du Département d’Etat et dans le cinéma.
Camille Galic
Beatrice Venezi, qui avait obtenu un succès mérité à Nice en décembre 2022 après avoir participé à Londres au concert du jubilé d’Elizabeth II, est « fasciste » et donc infréquentable puisqu’elle professe que la musique classique « forge un lien indissoluble avec un aspect fondamental de notre identité en tant qu’Italiens et Européens ».