Chili

1973-2023: ce qu’il reste du “golpe” chilien

On aurait pu penser que la NUPES et singulièrement les Insoumis profiteraient ce 11 septembre du cinquantenaire du golpe qui porta l’abominable Pinochet à la tête du Chili pour lancer une série de colloques et de manifestations contre les dictatures, sous toutes leurs formes.

Mais ce cinquantenaire est passé presque inaperçu, éclipsé en tout cas en France par la première participation des Condors, l’équipe nationale chilienne, à la Coupe du monde de rugby — où le XV tricolore a fait une entrée triomphale avec sa victoire (devant un public entièrement blanc mais ayant copieusement hué le président Macron) sur les redoutables All Blacks néo-zélandais.

Comment expliquer une telle discrétion ? Tout simplement parce que le général Augusto Pinochet, de lointaine origine bretonne et dont l’oncle Norbert fut Camelot du Roi mais qui avait pour modèle un autre generalisimo, Francesco Franco, conserve au Chili une popularité enviable. Alors qu’il avait renoncé à son dernier mandat (sénatorial) en 2002 pour raison de santé, sa mort en décembre 2006 provoqua une vive émotion et plus de 60 000 personnes défilèrent nuit et jour pour lui rendre hommage devant son cercueil vitré placé dans la chapelle ardente dressée dans le hall de l’école militaire de Santiago et entouré d’une garde d’honneur de huit cadets. Due à la prospérité sous sa présidence, l’estime que lui vouaient une grande partie de ses compatriotes restait telle qu’on lui avait proposé des funérailles d’Etat, qu’il refusa ; mais ses obsèques furent néanmoins retransmises à la télévision, qui enregistra des scores records.

Et toujours la constitution Pinochet…

Moins anecdotique : c’est la Loi fondamentale « autoritaire et protégée », que le despote honni sous nos climats avait fait adopter par un référendum que ses adversaires affirmaient truqué, qui régit toujours le pays. Stupéfaction du Point : « On imaginait jadis qu’elle n’existerait plus une fois la démocratie restaurée. Or, fait incroyable, la voici toujours en vigueur au Chili, trente-trois ans après la fin de la dictature. » Et malgré l’alternance de plusieurs présidents de tous bords, dont la socialiste Michèle Bachelet qui, fille d’un général ennemi juré de Pinochet, assura la présidence de 2006 à 2010 et de 2014 à 2018. D’ailleurs pour le plus grand dommage du Chili qui, en raison de ses mauvais choix, subit sous son second mandat une sévère récession économique.

Née à Valparaiso de militants du Mouvement de la Gauche révolutionnaire (MIR) ensuite réfugiés en France, avocate mariée au député mélenchoniste Alexis Corbière et elle-même élue en 2022 député LFI de la Seine-Saint-Denis, la pasionaria Raquel Garrido doit se faire une raison. Pour la revolución, il lui faudra encore attendre. Le Chili n’est pas le Niger.

La Rédaction

Un commentaire

  1. Lire : Francisco Franco
    Effectivement l’un des ancêtres français du Général Pinochet fut le commerçant d’origine malouine (pas bretonne pour les puristes, ah, ah, ah!), Guillaume Pinochet arrivé à Concepción en 1720. Dans la famille Pinochet l’on trouve aussi et en particulier une Isabelle Le Brun (1845-1930) fille d’un militaire français, Stanislas Le Brun. Elle fut à l’origine au Chili de la création d’écoles secondaires pour les filles à la fin du XIXème siècle. Quant à Michèle Bachelet, elle descendait aussi d’un commerçant français Joseph Bachelet Lapierre, marchand de vin, originaire de la Côte d’Or, installé au Chili en 1860.
    La vision qui a été donnée du général Pinochet en France par les exilés n’est pas celle de tous les Chiliens restés au pays. Cf dans le même ordre d’idée le franquisme vu par les réfugiés républicains en France et leurs descendants…
    Pour “le Chili n’est pas le Niger”, l’on ne peut que l’espérer même si les coups d’état et les révolutions sont bien souvent fomentés de l’étranger et pas forcément pour le bien des peuples concernés…Les exemples abondent hier comme aujourd’hui.

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