Le ministre de l’intérieur Gérard Darmanin avait demandé le 7 août à ses services d’instruire le dossier de dissolution de Civitas, le Conseil des ministres a acté le 4 octobre la dissolution de ce dangereux « mouvement catholique intégriste » fondé en 1999 et transformé en parti politique en 2016, puis en institut. N’est-il pas accusé par le porte-parole du gouvernement d’appeler entre autres à « l’entrée en guerre contre la République », y compris en recourant « à la force » ?
« Civitas considère les droits de l’homme comme des outils de destruction de la civilisation chrétienne, Civitas a organisé des rassemblements en hommage à des personnalités emblématiques de la Collaboration, Civitas assure la promotion d’une hiérarchie entre les citoyens français avec des thèses clairement antisémites et islamophobes », en plus de considérer le mouvement LGBT + comme « une communauté néfaste », a psalmodié Olivier Véran, qui ne cachait pas sa jubilation.
Une singulière indulgence
Naturellement, Civitas va se pourvoir devant le Conseil d’État comme l’avait fait précédemment le mouvement écoterroriste des Soulèvements de la Terre après un décret de dissolution en date du 21 juin. Décret suspendu le 11 août par la noble assemblée au motif que la dissolution des Soulèvements de la Terre portait « atteinte à la liberté d’association et créait pour les requérants une situation d’urgence » alors que « les éléments apportés par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer pour justifier la légalité du décret […] n’apparaissent pas suffisants au regard des conditions posées par l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure » et que le collectif ne cautionnait pas « d’une quelconque façon des agissements violents envers des personnes ». Par ailleurs, considéraient les « Sages », « les actions promues par les Soulèvements de la Terre ayant conduit à des atteintes à des biens, qui se sont inscrites dans les prises de position de ce collectif en faveur d’initiatives de désobéissance civile, dont il revendique le caractère symbolique, ont été en nombre limité ». Ergo, « la qualification de ces actions comme des agissements troublant gravement l’ordre public au sens du 1° de l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure soulève un doute sérieux ».
Mais on peut douter que ceux-là mêmes qui passent si négligemment l’éponge sur les affrontements sanglants autour de la « mégabassine » de Sainte-Soline (47 gendarmes blessés le 23 mars dernier et des dégâts considérables) fassent preuve de la même clémence à l’endroit de Civitas, coupable de s’être mobilisé contre la pièce Golgota Picnic jugée « christianophobe », puis contre une prestation du transgenre Bilal Hassani dans une abbaye (désaffectée) de Metz et aussi d’avoir manifesté contre la politique gouvernementale au moment du Covid.
Toutefois, le mouvement, présidé par le Bruxellois Alain Escada et également implanté dans de nombreux pays d’Europe (Belgique, Suisse, Autriche, Espagne, Portugal, Italie, Royaume-Uni) ainsi qu’au Mexique et au Liban, d’autres associations sœurs étant en cours de constitution en Pologne ou aux Etats-Unis, s’est érigé le 11septembre dernier en Civitas International. Elle aussi présidée par Alain Escada, cette structure basée à Bruxelles a « pour but de coordonner l’action des groupements Civitas dans les divers pays, de faire connaître les positions du groupement et de contrecarrer les contraintes injustes posées par des politiciens locaux ». En particulier français.
Voilà qui devrait faire réfléchir les Sages (ou les Gnomes, selon une autre désignation) du Conseil d’État et les inciter à faire bénéficier les cathos tradis de la jurisprudence appliquée aux écolos furiosi.
Camille Galic