Le 12 novembre, Emmanuel faisait scandale en snobant la grande « marche contre l’antisémitisme » qui, conduite par les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, devait réunir 182000 marcheurs, dont 105 000 dans la capitale. C’est sans doute pour faire oublier ce que certains avaient qualifié de désertion que, le 7 décembre, le chef de l’État a reçu en grande pompe dans la salle des fêtes du palais de l’Élysée le grand rabbin de France Haïm Korsia venu lui remettre le prix Lord Jacobovits (1) décerné chaque année par la Conférence européenne des rabbins pour récompenser « la lutte contre l’antisémitisme et pour la sauvegarde des libertés religieuses ». Mais Haïm Korsia ne s’en est pas tenu là : il a profité de l’occasion pour allumer, sous les yeux et avec la bénédiction du président de la République, la première bougie de Hanoukka, fête hébraïque dite des lumières.
Macron lâché par le CRIF et la LICRA
Filmée et partagée sur les réseaux sociaux par le rabbin Mendel Samama, cette scène historique a aussitôt provoqué un flot de critiques, y compris du Conseil représentatif des Institutions juives de France (CRIF) et de la LICRA, dont les présidents respectifs se sont donné les gants de flétrir, non sans hypocrisie, cette « atteinte à la laïcité ». Ce qu’elle est en effet… tout comme, d’ailleurs, l’habitude prise par nos Premiers ministres et même nos Élyséens, de participer au grand repas de rupture du jeûne du ramadan.
Au demeurant, et sans que cela ne gêne personne, Hanoukka ne s’est-elle pas installée depuis une bonne vingtaine d’année dans le paysage religieux français où, célébrée pendant l’Avent, elle ne se cache pas de concurrencer Noël avec des cadeaux aux enfants ? Ce qui était d’ailleurs bien l’objectif de ses promoteurs, états-uniens à l’origine, quand ils décidèrent de donner à cette fête jusqu’alors très secondaire du calendrier rabbinique et marquant la victoire (éphémère) au IIème siècle avant notre ère des Macchabées juifs sur l’occupant séleucide héritier des armées d’Alexandre le grand, un retentissement équivalent à celui du Yom Kippour ou de Roch Hachana. Depuis lors, chaque mois de décembre, des cortèges motorisés arborant de gigantesques menoroth illuminées et diffusant à toute puissance des chants religieux (mais aussi, soit dit en passant, des hymnes patriotiques israéliens), sillonnent Paris et de très nombreuses villes françaises, avec le concours empressé de leurs maires. Le 7 décembre, Nice-Matin consacrait ainsi un article interminable et richement illustré aux «allumages publics prévus devant le palais de l’Europe de Menton à l’occasion de cette fête juive, avec animations traditionnelles et une soirée culturelle jeudi prochain » — avec la participation exceptionnelle de Serge et de Beate Klarsfeld.
Bernadette, dernière victime des laïcards
Que, dans sa hâte à faire techouvah après sa venue à la grand’messe pontificale de Marseille et à la veille d’une nouvelle visite au chantier de Notre-Dame, Macron ait commis une boulette est incontestable. Mais on n’oubliera pas que ses censeurs, qui avaient jusqu’ici fermé les yeux sur les démonstrations hanoukkiennes, se sont essentiellement illustrés depuis des années en saisissant la justice dès que la crèche la plus modeste est aperçue dans l’enceinte d’une mairie et en multipliant les recours contre la présence de la statue d’un saint sur la voie publique… et qui dans leurs croisades anticatholiques obtiennent régulièrement satisfaction, des préfets comme des magistrats. Ainsi Cogolin, dans le Var, a-t-il été privé de ses statues de la Vierge et de saint Maur, les Sables-d’Olonne (Vendée) de la statue de saint Michel l’Archange, etc. au nom de la dévotion à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Loi en vertu de laquelle le spectacle « Bernadette Soubirous », pourtant produit par Gad Elmaleh, vient d’être exclu du « Pass Culture » délivré aux jeunes spectateurs par le ministère de la Culture.
Camille Galic
- Pour mémoire : natif de Königsberg et grand rabbin du Commonwealth créé baron en 1981 par Elizabeth II, Immanuel Jacobobits (1921-1999) s’attira à plusieurs reprises les foudres du judaïsme éclairé en assimilant l’homosexualité à une maladie qu’il fallait soigner car elle compromettait « l’ordre naturel existant » et en flétrissant, avant Norman Finkelstein, « l’industrie de l’Holocauste ». Il exprima également des réticences face à la destruction du Carmel d’Auschwitz.
Les « activités traditionnelles » (sic) de Hanoukka sont tolérées et même encouragées alors que les crèches sont interdites, de même que la croix celtique désormais réputée néo-nazie. Comment les Français peuvent-ils accepter ce renversement des valeurs ?
Fête d’Hanouka : Au palais de l’Elysée, le Grand Rabbin de France allume devant tous une bougie cérémonielle ! ! !
Fête de Pâques : Au palais de l’Elysée, le Primat des Gaules allume devant tous un cierge pascal ? ? ?