Le 13 mars dernier Madeleine Cruz avait commenté ici même la publication d’une anthologie de la poésie carcérale durant l’épuration, un précieux petit ouvrage sur des poèmes écrits pendant la sinistre période de l’épuration. Plusieurs des auteurs de ces poèmes furent (légalement) assassinés à l’issue de leur procès, à commencer par Robert Brasillach, bien entendu, ce qui renforce le caractère émouvant de ces textes. Notre consœur annonçait dans cet article du 13 mars la parution imminente d’un album, une sorte de bande dessinée, consacrée aux souvenirs de prison – totalement inédits – d’un dénommé Guy Hanro.
Le jeune volontaire de la LVF Guy Hanro (c’est un pseudonyme, l’album A travers l’épuration révèle d’ailleurs son vrai nom) connut la prison de Fresnes puis celle de Saint-Martin-de-Ré. Cet album fut publié quelques semaines après l’article de Madeleine Cruz. Il a fait l’objet de plusieurs recensions élogieuses, à commencer par celle de notre dessinatrice Chard sur le site de Présent Hebdo.
Il faut reconnaitre en effet la qualité formelle de l’ouvrage et aussi le talent graphique de ce (alors) jeune Guy Hanro. La publication se présente à peu près comme une bande dessinée en couleur, au dos carré. Le dessin de Guy Hanro se situe sur le mode comique, pour ne pas dire ironique, avec une forte pratique de l’autodérision. Le détenu Guy Hanro ne se prenait pas au sérieux.
Son style rappelle Vica ou Coral, deux grands dessinateurs activistes du XXe siècle, ou encore Dubout dans un genre pour le coup assez scatologique. Il serait toutefois plus exact d’écrire que le style de Vica, Coral ou Dubout rappellent Guy Hanro puisque, chronologiquement, c’est bien Guy Hanro qui, le premier, a mis son dessin au service de son histoire personnelle, pratiquant allègrement le comique de situation, à une période où beaucoup de ses codétenus avaient plutôt le moral en berne.
Dans une préface éblouissante d’érudition, l’avocat Thierry Bouclier a rappelé ce que fut l’épuration « légale » et révélé qui était Guy Hanro, et pour quelles mauvaises raisons il s’est retrouvé, en 1945, dans un cul de basse fosse. Ce qui nous donne pour finir un bel album et aussi une enquête passionnante.
L’ouvrage a été publié conjointement par les Amis de Brasillach (ARB) et les Amis d’Henri Béraud (ARAHB), deux célèbres victimes de l’épuration, dont l’un, le plus jeune, mais pas le moins talentueux, fut fusillé, comme chacun sait
Le tirage de l’album a été très limité. Mais il reste quelques exemplaires, disponibles auprès de l’association des Amis de Robert Brasillach. Les bibliophiles comprendront le message.
Agathon
A travers l’épuration, par Guy Hanro, textes de Thierry Bouclier, Francis Bergeron et David Gattegno, Ed. des Sept couleurs, coproduit par les Amis d’Henri Béraud et les Amis de Robert Brasillach, 96 p., 30€.
Commander à : arbfrance@orange.fr
