L’Ascension est une fête chrétienne particulièrement riche d’enseignements, car non seulement elle décrit la montée de Jésus Christ au Ciel, marquant ainsi la fin de son Incarnation et de sa vie terrestre, mais elle annonce aussi la Pentecôte et préfigure la vie éternelle.
Pourtant, les Évangiles ne la décrivent pas de la même façon. Ainsi, Saint-Mathieu n’en parle pas. Saint-Jean indique que Jésus déclara aux apôtres qu’il « va vers le Père », mais n’expose pas davantage la façon dont l’Ascension s’est déroulée. Marc place cet événement immédiatement après la Résurrection, envoyant les apôtres prêcher l’Évangile avant même la Pentecôte.
L’Évangile selon Saint-Marc fait de l’Ascension une description plus complète. Le texte est ainsi rédigé : « il se montra aux Onze eux-mêmes, pendant qu’ils étaient à table ; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, de n’avoir pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité. Puis il leur dit : « Allez par tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront les serpents, et s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris. » Après leur avoir ainsi parlé, le Seigneur Jésus fut enlevé au ciel, et s’assit à la droite de Dieu. Pour eux, étant partis, ils prêchèrent en tous lieux, le Seigneur travaillant avec eux, et confirmant leur parole par les miracles qui l’accompagnaient. »
Ce récit explique pourquoi l’Église primitive confondit à ses débuts les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte. Cependant, l’Ascension fut bientôt placée au quarantième jour après la Résurrection, eut sa vigile et son octave et devint une fête d’obligation, c’est-à-dire un jour que, suivant les premier et deuxième commandements, les fidèles doivent consacrer à Dieu et où ils ont l’obligation d’assister à la messe.
En rite symbolique, la messe voit l’extinction définitive du Cierge Pascal dont la lumière, durant la sainte quarantaine, figurait la présence de Jésus au milieu des disciples. On l’éteint après la lecture de l’Évangile du jour de l’Ascension qui décrit la scène. L’allégresse de l’Église est montrée par l’usage d’ornements blancs et par le chant de l’Alléluia « cette goutte de la joie suprême dont tressaille la Jérusalem d’en haut ». Il s’agit d’exprimer la joie du triomphe du Christ, ainsi que celle de la pensée du bonheur d’y être un jour associé.
Sur le plan historique, l’Église a développé la scène de l’Ascension. Il est admis que les apôtres se trouvaient au Cénacle quand Jésus leur apparut pour prendre avec eux un dernier repas. Puis, il les conduisit hors de Jérusalem, du côté de Béthanie, sur la montagne des Oliviers. Là, le Christ bénit les apôtres et s’éleva dans les cieux, à l’heure de midi. Une nuée le déroba aux regards et deux anges annoncèrent aux disciples que le Christ, qui venait de remonter au ciel, en redescendrait à la fin du monde.
Au niveau dogmatique, l’Église enseigne que l’Ascension, qui est la deuxième fête du Temps Pascal, est le couronnement de la vie de Jésus. C’est le moment où le Christ prit possession du royaume des cieux qu’il s’était acquis par ses souffrances et que, y plaçant notre fragile nature humaine à la droite de la gloire de Dieu, il ouvrit aux homme la maison de son Père pour leur permettre d’y occuper comme enfants de Dieu la place des anges déchus. Vainqueur de Satan et du péché, Jésus entre donc au ciel sous les acclamations des anges et les âmes des Justes, délivrées des Limbes, lui font une joyeuse escorte.
L’Ascension fit en outre de Jésus le perpétuel intercesseur des hommes devant son Père, et obtint à l’humanité l’envoi du Saint Esprit qui perpétue sa présence sur terre. L’Ascension est donc un des mystères essentiels de l’œuvre rédemptrice du Christ. Car l’œuvre de Rédemption n’est accomplie que par l’union de trois mystères successifs et inséparables : la Passion, la Résurrection et l’Ascension.
André Murawski