« Du point de vue du combat des idées, le PC « F » conserve une mainmise historique et politique considérable qui va bien au-delà de ses structures militantes grâce à son idéologie qui embrasse des pans entiers de la société française, les partis de gauche, l’université, les médias, des personnalités politiques même dites de « droite », des catholiques… »
Entretien avec Michel Festivi auteur de La Désinformation autour du Parti communiste « français », préface de Francis Bergeron, aux éditions Dualpha, 2024.
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Après avoir écrit trois livres sur l’histoire contemporaine de l’Espagne, pourquoi aujourd’hui cet ouvrage sur le PC« F », préfacé par Francis Bergeron ?
Mon sous-titre est éclairant : Manipulations, mystifications, constructions de mensonges, soutiens aux pires tyrans, Histoire et actualités. En seize chapitres, un avant-propos et un épilogue, je brosse l’histoire tragique et sanglante de ce parti décidément pas comme les autres, en faisant à chaque fois le lien avec l’actualité des communistes et leurs soutiens. Il m’a semblé important, compte tenu des mensonges proférés par le PC« F » de revenir sur cette idéologie mortifère qui pollue toujours notre vie politique et notamment à chaque campagne électorale, les exemples abondent.
Certains pourtant vous diront que le PC« F » n’est plus, et de très loin, la force politique qu’il a été ?
Oui, d’un simple point de vue électoral et encore… Mais du point de vue du combat des idées, le Parti conserve une mainmise historique et politique considérable qui va bien au-delà de ses structures militantes grâce à son idéologie qui embrasse des pans entiers de la société française, les partis de gauche, l’université, les médias, des personnalités politiques même dites de « droite », des catholiques. C’est toujours selon l’expression de Marc Lazar « une passion française », et ce à cause du terreau toujours actif des idées sur la Révolution française, la Terreur et le Front populaire. C’est ce combat contre les falsifications de ce Parti que j’ai entendu mener.
Quels thèmes abordez-vous précisément ?
Après une chronologie très explicite, j’aborde dans mon avant-propos toute la nécessité de séparer l’Histoire et la mémoire avec de très nombreuses références. Ensuite, je reviens sur les soutiens du PC« F » aux procès de Moscou, à ses trahisons de la France et des Français suite au pacte Hitler-Staline, aux sabotages des entreprises qui travaillaient pour la défense nationale, à ses négociations avec les nationaux-socialistes pour faire reparaître officiellement sa presse, les diatribes féroces du Parti contre l’Angleterre et les Français libres de Londres, la mystification de « l’affaire Guy Môquet », le faux-vrai appel du 10 juillet 1940, la construction de mensonges autour d’une seconde voie résistante qui n’a jamais existé.
Vous décrivez le caractère totalitaire du PC« F » aussi ?
Avec les différentes purges, rejet des « renégats », des « traîtres », la création des listes noires et des commandos de tueurs, le PC« F » était une sorte de « secte », selon le mot de Philippe Robrieux. Il était, grâce à Lénine qui en avait inventé le concept comme l’a démontré Stéphane Courtois, devenu un Parti avec « une mentalité totalitaire, avec des apparatchiks formés à l’école du silence et du mensonge », selon Annie Kriegel.
Vous n’oubliez pas aussi comme à votre habitude de déboulonner des personnalités emblématiques de la pensée communiste ?
Je pourfends, pièces et documents à l’appui comme toujours, Victor Basch, Georges Guingouin, Charles Tillon, A. Havez, Guy Môquet, Pierre Cot, Artur London, les Rosenberg, Marcel Paul qui triait les déportés, le traître Maurice Thorez, le grand délateur que fut Jacques Duclos, le couple Aubrac, Sartre et « sa » Simone, Georges Marchais qui alla travailler volontairement en Allemagne, et bien d’autres. Je reviens aussi sur des mystifications toujours actuelles, les fameux « 75 000 fusillés ». Je prouve que de 1920 à 1991, le Parti n’a pu vivre qu’avec les finances et le soutien matériel de Moscou. Je dissèque la guerre des mémoires qu’a imposée ou tente d’imposer le PC avec notamment « l’affaire Manouchian ». Je passe en revue les soutiens anciens et actuels du PC avec les pires tyrans : Staline, Mao, Castro, le Che, Pol Pot, et aujourd’hui Xi, Chavez ou Maduro.
Votre livre, fortement documenté, plaide pour un Nuremberg du communisme ; pourquoi ?
Oui, comme d’autres le réclament d’ailleurs. J’explique tout cela dans l’épilogue avec de fortes références philosophiques et historiques. Car hélas, les tyrans communistes n’ont pas été comme les dirigeants du IIIe Reich remisés « dans les poubelles de l’Histoire », selon l’expression attribuée à Trotski. J’ai voulu, par ce livre, donner au lecteur, aux jeunes générations et aux moins jeunes, des arguments, des éléments sérieux pour contrer les mensonges qui nous sont assénés quotidiennement.
Et vous avez obtenu une belle préface de Francis Bergeron…
J’ai connu Francis Bergeron au début des années 1980 ; nous militions dans l’association qu’il avait créée « Pour la Russie Libre ». Nous avions à Chartres créé une antenne et fait un certain nombre d’actions militantes. Ensuite, bien plus tard, j’ai été pour le journal Présent, son correspondant pour l’Espagne. Francis Bergeron est un homme très courageux, qui n’avait pas hésité en 1975 à se rendre à Moscou, pour y distribuer des livres interdits ; il fut expulsé par les sbires du KGB. Nul plus que lui n’était désigné pour faire cette préface.
Michel Festivi vient de publier La Désinformation autour du Parti communiste « français », préface de Francis Bergeron, aux éditions Dualpha, 352 pages, 39 €. Pour commander ce livre, cliquez ici.