Barnier

Michel Barnier : la “divine surprise” du macronisme

Il y a dans les manœuvres politiques des jeux de dupes, des subtilités invisibles pour qui ne sait pas voir au-delà des apparences. La nomination de Michel Barnier en tant que Premier ministre n’est pas qu’un simple remaniement de plus, c’est un coup d’échecs où chaque pièce est déplacée selon un dessein précis, conçu bien en amont. Comme dans les grandes tragédies machiavéliennes, tout semble innocent en surface, mais l’intrigue est bien plus sombre. Derrière le masque rassurant de Barnier, Macron orchestre une recomposition politique destinée à neutraliser ses adversaires, et en premier lieu le Rassemblement National.

Car en apparence, Michel Barnier, vieil émissaire de la droite gaulliste, est une figure apaisante. Son expérience, sa maîtrise des dossiers européens, son aura de sage… tout cela joue en faveur d’un retour à l’ordre, à une normalité rassurante pour les élites françaises. Mais ne nous y trompons pas : ce choix est loin d’être anodin. Macron sait exactement ce qu’il fait. En ressuscitant ce vétéran de la politique, il capte non seulement la droite républicaine, mais surtout, il s’empare du terrain idéologique du Rassemblement National. Et là est toute la finesse du stratagème.

Les thématiques phares du RN, comme l’immigration, la sécurité ou la souveraineté, seront maintenant portées par une figure « convenable », sans l’ombre des démons populistes. C’est là que réside la vraie victoire de Macron : reprendre les idées, mais les vider de leur dimension subversive. En confiant ces sujets à un homme comme Barnier, il les rend présentables, respectables, acceptables pour cette bourgeoisie française qui n’a jamais osé se compromettre avec le RN mais qui partage, dans le fond, certaines de ses préoccupations. L’art de la manipulation est de donner aux gens ce qu’ils veulent tout en leur faisant croire qu’ils ont échappé au pire.

Et le RN dans tout cela ? Prisonnier d’une illusion. Il croit que sa place à l’Assemblée, son influence grandissante, le met en position de force. Il se voit déjà comme l’arbitre de la nouvelle séquence politique, prêt à faire tomber le gouvernement à la première motion de censure. Mais c’est là le cœur du piège tendu par Macron. En reprenant les idées du RN, il lui offre une respectabilité dangereuse, un piège de velours. Marine Le Pen, toujours à la quête de cette honorabilité, tombe tête baissée dans le panneau. Elle voit en cette convergence un signe de victoire. Mais cette victoire est empoisonnée, car en acceptant d’être assimilé au discours dominant, le RN perd son statut de révolté, de voix unique contre le système.

Le cynisme machiavélique de cette manœuvre réside dans la manière dont Macron s’assure que le RN ne puisse plus jouer son rôle d’alternative. Il l’absorbe, le digère, et finit par le rendre inoffensif. En se rapprochant des idées du RN, il fait croire à ses électeurs qu’il partage leurs angoisses, tout en les rassurant que tout cela se fera dans l’ordre, sans les excès du populisme. Le RN se trouve alors piégé dans une nasse invisible : plus il se rapproche du pouvoir, plus il perd ce qui faisait sa singularité.

Ainsi, Macron a tissé une toile autour de son adversaire, le séduisant avec des promesses d’honorabilité tout en vidant de leur substance ses combats. Le baiser du diable est donné avec douceur, mais son effet est implacable : une fois que le RN aura goûté à cette reconnaissance, il sera trop tard. Il sera pris au piège, captif d’un jeu politique dont il ne maîtrisera plus les règles.

Et Michel Barnier, dans tout cela ? Simple pion ou véritable complice du stratagème ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est que son retour sur la scène politique ne doit rien au hasard. Il est la clé de voûte d’un édifice fragile, celui d’un macronisme qui se régénère en absorbant tout ce qui l’entoure, y compris ceux qui se croyaient ennemis du système. Sous son apparence de sauveur, Barnier est peut-être l’instrument ultime d’un Macron qui n’a jamais cessé de jouer au grand stratège, manipulant ses adversaires jusqu’à les rendre complices de leur propre perte.

Le RN, aveuglé par sa quête d’honorabilité, ne voit pas encore qu’il est en train de s’effacer. Mais dans les couloirs feutrés du pouvoir, Macron et Barnier sourient. Le piège s’est refermé.

Dans ce vaste théâtre où les acteurs se jouent les uns des autres, où les idées sont volées, diluées, travesties, il reste néanmoins une certitude : ce ne sont ni les politiciens chevronnés, ni les stratégies de coulisse qui sauveront la France. Tandis que Macron et Barnier orchestrent leur danse macabre, croyant berner tout le monde, la vérité est ailleurs. Ce pays, étouffé sous le poids de ses renoncements, ne sera pas sauvé par ceux qui s’acharnent à faire durer l’illusion.

Les véritables forces vives ne se trouvent pas dans les palais du pouvoir, mais dans les cœurs de ceux qui refusent la capitulation, de ceux qui voient au-delà des manœuvres futiles d’une bourgeoisie satisfaite. Ce sont ces esprits libres, prêts à tout pour rompre avec l’ordre établi, qui incarnent encore l’espoir d’une France en déclin. Ils sont peut-être silencieux pour l’instant, mais leur réveil est inéluctable.

La France officielle se meurt, mais la flamme qui anime ceux qui ne se laissent pas duper ne s’éteint pas. Et c’est là, dans cette résistance silencieuse, que repose la dernière chance de ce pays : un sursaut, une révolte, un renouveau qui viendra des marges, loin des jeux de dupes.

Arthur Marie

(5 commentaires)

  1. Très subtile analyse mais je ne suis pas sûr que Macron ait pensé à tout cela dans cette description d’un coup de billard à quinze bandes n’est pas Machiavel qui veut . Quant aux français des franges qui se révolteraient un jour, je n’y crois pas du tout et les dernières élections législatives au deuxième tour l’ont amplement démontrées. Le conformisme de beaucoup de nos compatriotes est absolument affligeant, on a aussi les hommes politiques que l’on mérite.

  2. Divine surprise Barnierv vraiment ?

    Bilderberg.
    Coudenhove-Kalergi.
    Co président des Laboratoires pharmaceutiques Mérieux constructeur du labo de Wuhan,
    ministre, Barnier décida de financer le projet de Mérieux à Wuhan.
    Promoteur de l’obligation de vaccination covid.
    Rédacteur de la constitution de l’UE il bafoua le vote négatif des Français au référendum de 2005.
    Haut fonctionnaire de l’UE pendant 15 ans,
    commissaire,
    vice président de la commission,
    directeur de la négociation avec Londres pour démolir le Freixit.
    Etc.

    Septembre 2024 :
    nommé Gauleiter de l’UE pour la région France, aux ordres de von der Leyen et de Macron pour achever la France.

  3. ” C’est là que réside la vraie victoire de Macron : reprendre les idées, mais les vider de leur dimension subversive. “. la mèche est peut-être éventée, non , depuis Chirac ?

    je crois que c’est aller chercher un peu loin : Macron fait tout ce qu’il peut pour durer .
    Ça n’empêchera pas Reconquête ni Sarah Knafo de rappeler au Président que prendre les gens pour des c….n’est pas à la portée de tout le monde .

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