Le 29 septembre, l’Eglise célèbre les Archanges Gabriel, Raphaël et Michel. La Sainteté signifie plusieurs choses et, dans son célèbre dictionnaire, Littré ne classe pas le mot Saint parmi les noms, mais parmi les adjectifs. Il n’en donne d’ailleurs pas moins de dix définitions, dont certaines correspondraient pourtant davantage à un substantif. Ainsi du saint, chez les Juifs, qui désignait l’espace situé devant le saint des saints, partie la plus sacrée du temple de Salomon à Jérusalem. Mais dans son acception la plus courante, le mot Saint désigne les esprits bienheureux et les créatures les plus parfaites.
Tel est assurément le cas de Saint-Michel qui, dans la religion catholique, apparaît parmi les purs Esprits que sont les Anges. Plus précisément, Saint-Michel figure parmi les Archanges qui sont les chefs messagers de Dieu et qui, accessoirement, peuvent aussi exercer un commandement sur les Anges mineurs, appelés Anges gardiens.
D’après la Légende Dorée, Saint-Michel tient son nom de l’hébreu Michael, qui signifie « Qui est comme Dieu ». Saint-Michel est plusieurs fois cité dans la Bible, où il apparaît en tant que chef de la Milice céleste. Le Pape Saint-Grégoire le Grand affirmait que « chaque fois que Dieu veut faire un grand geste de résistance, c’est l’Archange Michel qu’il charge de le représenter. C’est lui qui lutte contre les mauvais anges et les chasse du ciel. C’est lui arrache au diable le corps de Moïse. C’est lui qui recueille les âmes des Saints et les conduit au paradis. C’est lui qui apporte aux Egyptiens les sept plaies, qui partage les eaux de la Mer Rouge, qui conduit le peuple dans le désert jusqu’à la Terre promise, qui, dans l’armée des Anges, porte la bannière du Christ. C’est à son appel que les morts ressusciteront. C’est lui qui, au Jugement dernier, présentera la Croix, les clés, la lance et la couronne d’épinesi. »
Saint-Grégoire ajoute que « chaque fois que s’accomplit un acte d’éclatante vertu, c’est à Michel qu’on doit rendre grâceii. » Peut-être est-ce la raison pour laquelle il est, en même temps que la Vierge, le Saint Patron de la France, mais aussi de la Normandie, de l’Allemagne, de la Belgique, de Bruxelles, de Kiev et, depuis 2017, du Vatican.
Dans les corps de métiers, Saint-Michel est le Saint Patron des parachutistes, par référence au texte de l’Apocalypse qui indique qu’il y eut un combat dans le ciel, opposant Saint-Michel et la Milice céleste au dragon qui combattait avec les anges déchus, et qui fut vaincu. Cette tradition est née pendant la seconde guerre mondiale quand, à la veille du débarquement, un aumônier militaire distribua aux parachutistes des médailles de Saint-Michel et proposa, quelques mois plus tard, que Saint-Michel devienne leur patron.
En raison de son rôle à la tête des Anges pour expulser Satan du ciel, Saint-Michel est aussi devenu le patron des policiers. Curieusement, il est aussi le Saint Patron des épiciers et des boulangers, sans que les raisons en soient bien connues. Certains font référence à la balance que Saint-Michel porte pour peser les âmes, et dont usent également épiciers et boulangers, mais d’autres affirment que les épiciers ont choisi le même Saint Patron que les policiers, parce que la Police protège les commerçants contre les voleurs.
Selon la Tradition, Saint-Michel serait apparu en France vers 706, et l’évêque d’Avranches, Saint-Aubert, aurait reçu de lui l’ordre de bâtir un sanctuaire sur l’îlot Tombe, mondialement connu aujourd’hui sous le nom de Mont-Saint-Michel.
En les temps difficiles que la France connaît, une prière à Saint-Michel semble particulièrement indiquée, reliant notre pays à notre histoire et à sa mission :
« Seigneur, daignez vous souvenir que, dans les circonstances douloureuses de notre Histoire, vous avez fait de l’Archange Saint-Michel l’instrument de votre miséricorde à notre égard. Nous ne saurions l’oublier, alors que notre pays traverse des moments particulièrement difficiles. C’est pourquoi nous vous supplions de conserver à notre patrie, la France, la protection dont vous l’avez jadis entourée par le ministère de cet archange vainqueur. Et vous, Ô Saint-Michel, prince des milices célestes, venez vers nous. Tournez-vous vers nous. Nous vous en supplions. Vous êtes l’ange gardien de l’Eglise et de la France ; c’est vous qui avez inspiré et soutenu Sainte Jeanne d’Arc dans sa mission libératrice. Venez encore à notre secours. Sauvez-nous ! »
André Murawski
i Jacques Chabannes, Les Saints, Librairie académique Perrin, 1970
ii Ibid
