L’Église est appelée à être toujours la maison ouverte du Père. Un des signes concrets de cette ouverture est d’avoir partout des églises avec les portes ouvertes.
Quand est née votre association et dans quelles circonstances ? A qui s’adresse-t-elle ?
L’association « Les priants des campagnes » a été créée en 2015 par Philippe de la Mettrie. Il avait été impressionné par la vue d’une pelle mécanique en train de grignoter une église pour la détruire. On ne pouvait rester sans réaction devant une telle destruction, et il eut l’intuition qu’il y avait un lien fort entre ces pierres et la prière qu’elles pouvaient abriter. Et si la prière pouvait sauver les pierres ?
L’association, qui regroupe environ 200 personnes, est présente dans une quarantaine de diocèses, elle est au service de l’Eglise, elle regroupe toutes les personnes de bonne volonté qui sont attachées à leur église de campagne. Elle invite ses adhérents, avec l’accord de leur curé, à « habiter » leur église, à y prier régulièrement, seul ou avec d’autres personnes, à le faire savoir par une signalétique claire, en sonnant les cloches et à y accueillir tous ceux qui le désirent, jeunes et moins jeunes.
D’expérience, les visites ne sont pas forcément nombreuses, mais ce sont autant de fioretti, ce monsieur qui vient demander un peu de réconfort et des prières lors du décès de sa mère ou ces enfants qui jouent devant le perron de l’église, nous demandent ce que nous faisons ; « Nous prions », répondons-nous ; ah oui, c’est comme en Tunisie où j’ai vu des gens prier !
Elle invite aussi ses adhérents à organiser des manifestations, concerts, crèches vivantes, expositions, afin de faire connaître aux habitants la richesse du patrimoine culturel qui est à leur porte et leur permettre d’ouvrir leur cœur à la présence du sacré dans la maison du Seigneur qu’est l’église.
Comment s’organiser ?
L’église, le bâtiment, est propriété de la commune (pour les églises construites avant 1905) et le curé en est l’affectataire, il règle toutes les activités liées au culte, il est donc très important, pour les priants, de tisser des liens étroits avec la municipalité ; la création d’une association de mise en valeur ou de sauvegarde de l’église peut être créée, instance dont les membres seront, de droit le curé et le maire, et toutes les personnes qui souhaitent que leur église soit ouverte, vivante et accueillante.
L’association travaille actuellement à la finalisation d’un fonds de dotation : « SOS EGLISES DE VILLAGES » qui permettra de participer au financement des travaux d’entretien des églises de village par les collectivités – un premier apport étant souvent nécessaire pour déclencher l’obtention de subventions -.
Et, pratiquement, l’association propose de nombreux outils : un livre de prière, une flamme à installer sur le parvis de l’église pour signaler une église ouverte, des aides pour la rédaction de tracts…
Des rassemblements aussi sont proposés, une Assemblée Générale où nous invitons des personnes capables de nous apporter un autre regard ; le 22 mars, ce seront Philippe Abjean et Paule Amblard et le 12 octobre nous nous retrouverons au sanctuaire de l’Ile Bouchard, lieu particulier car la Vierge est apparue dans une église paroissiale et a demandé qu’il y soit construit une grotte.
Pourquoi est-il essentiel, non seulement de sauver églises et chapelles « physiquement », mais aussi de leur conserver leur vocation de lieu de prière ?
Dès le IVe siècle, les Pères de l’Eglise mettent l’accent sur le bâtiment église, « véritable hôpital spirituel toujours prêt à accueillir ceux qui ont besoin de guérison », disait saint Jean Chrysostome, et saint Augustin insiste sur l’importance d’un édifice, « symbole de l’édifice spirituel construit par la communauté des croyants ». Les églises ont toujours ces deux missions, comme un poumon au milieu du village : lieu de prière, le priant puise sa force dans le Seigneur et lieu de repos, le Seigneur apporte une guérison spirituelle au priant.
L’église est aussi un bâtiment à la forme spécifique, un repère topographique grâce à son clocher et, souvent, à son emplacement sur une hauteur, ainsi qu’un appel à la verticalité. Le clocher interroge, il signale un lieu de prière, ses cloches rythment la vie du village, signalent les dangers.
Les habitants sont souvent très attachés à leur église, ils souhaitent sa préservation, dépensent des fortunes et de l’énergie pour la conserver, mais pour la majorité d’entre eux, n’en connaissent plus la raison d’être, alors pourquoi ne pas en faire un lieu sinon de rapport, ou simplement de production culturelle ? Si les cloches ne sonnent plus que pour de rares obsèques, si personne n’y vient prier, si elle est fermée en permanence ou difficile d’accès, on pourrait penser qu’elle a perdu son âme.
Par leur présence régulière, les priants sont là pour lui redonner sa place « au centre du village », selon l’expression consacrée, rappeler que l’activité des hommes ne se limite pas aux activités temporelles, qu’il est possible de donner un sens à sa vie. Ils sont là aussi pour montrer qu’ils sont au service des habitants du village en les accueillant et en leur expliquant les raisons d’être de la forme de l’église, de sa décoration intérieure et extérieure, de son mobilier sacré, en organisant des manifestations dans l’église et en justifiant auprès de leur curé l’installation de la Présence réelle dans le tabernacle.
Dans notre église, nous avons une statue de Marie avec l’enfant Jésus très touchante : Marie, « qui méditait toutes ces choses dans son cœur », toute en oraison, tient son fils, appuyé sur la hanche, et à la manière des petits qui désirent quelque chose, l’Enfant Jésus, regardant dehors par une baie de l’église, son bras passé derrière son cou semble lui tirer les cheveux pour attirer son attention et lui dire : « Regarde, Maman, tous les habitants du village, je te les confie ! »
Comment adhérer à votre association ?
Pour nous rejoindre, vous pouvez nous contacter sur le site www.priantsdescampagnes.com,
priantsdescampagnes@gmail.com ou bien à l’adresse postale : 23 rue Crossardière 53000 Laval.
Propos recueillis par Anne Le Pape
