ANC

L’ANC et Moscou, un vieux ménage

Vladimir Poutine n’a pu se rendre à Johannesburg au sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, qui contestent l’hégémonie du dollar et que pourrait rejoindre une quinzaine de pays dont l’Argentine, l’Arabie saoudite et l’Algérie), visé qu’il est depuis mars par le mandat d’arrêt international qu’a lancé contre lui la Cour pénale internationale pour crimes de guerre : soit la « déportation » de 16 000 enfants ukrainiens vers la Russie. Ce qu’a confirmé Moscou, mais en précisant que ces transferts étaient de nature humanitaire, beaucoup d’habitants du Donbass, russophones et russophiles, ayant sollicité la mise à l’abri de leur progéniture dans la mère patrie, où une bonne partie d’entre eux ont encore des attaches familiales.

Toutefois, si le président russe n’a pu être physiquement présent à Joburg, le seul fait qu’il y ait été invité par son homologue Cyril Ramaphosa (qui, lui, avait été reçu par Poutine le 29 juillet à Saint-Pétersbourg) et qu’il ait pu s’exprimer par vidéoconférence irrite les belles consciences : comment la « Nation arc-en-ciel », symbole de liberté, de démocratie et d’humanisme — même si l’un des partis représenté au Parlement du Cap appelle à « tuer le Blanc, tuer le fermier blanc » et à « couper la tête de la blancheur » (1) —, peut-elle ainsi se commettre avec « l’agresseur et le massacreur de la petite Ukraine » ?

C’est oublier que, voici un siècle, l’African National Congress (ANC) aujourd’hui au pouvoir en RSA mais alors naissant fut puissamment épaulé, sinon porté sur les fonts baptismaux, par le Parti communiste sud-africain créé en 1921 et résultant de la fusion entre la Ligue internationale socialiste, la Fédération sociale-démocrate du Cap, le Parti communiste du Cap, le club marxiste de Durban ou encore les Sociétés juives et socialistes du Cap et de Johannesburg. Ses ordres émanaient directement du Komintern soviétique qui souhaitait une « république indigène ». Ce pourquoi, les Blancs membres du PCSA restant attachés à la ségrégation raciale, la grande majorité des militants du parti fut rapidement constituée de Noirs.

La « bonne Gauche », cocue de l’histoire

A partir des années 60 du siècle dernier, le soutien de Moscou aux Bantous prit une nouvelle ampleur avec le soutien et les livraisons d’armes fournis par le Kremlin à la guérilla menée par l’ANC alors animé par Nelson Mandela. Puis vinrent les opérations de grande envergure menées contre la RSA et la Namibie (ex-Sud-Ouest africain, alors sous mandat sud-africain) à partir de l’Angola et du Mozambique devenus en 1975 indépendants du Portugal et livrés aux troupes castristes flanquées de milliers de « conseillers techniques » venus d’URSS et abondamment pourvues d’armement soviétique. Ainsi que Mandela et l’ANC, ces « libérateurs » étaient régulièrement portés aux nues dans les colonnes et les fêtes de L’Huma. Mais aussi par le PS et la « deuxième gauche » rocardienne, décidément indécrottables puisqu’ils s’étaient déjà fait avoir par les Khmers rouges qu’ils avaient encensés (« La Fête à Phnom-Penh » titra Le Monde à sa une après la prise de la capitale cambodgienne par les rebelles à la solde de Pékin en avril 1975) avant de découvrir l’ampleur et l’atrocité de leur occupation — 1,8 million de morts selon l’hypothèse basse, soit un quart de la population.

Mais le retour de bâton est cette fois rude : pour une fois qu’un pays africain fait preuve de gratitude, il faut que le bénéficiaire en soit une nation désormais mise au ban de l’humanité et dont le président est étiqueté fasciste, comme c’était jusqu’en 1994 le cas de tous les dirigeants de la Republiek blanche depuis Hendrik Verwoerd  ! Encore une ironie de l’histoire… 

Camille Galic

  1. https://nouveaupresent.fr/2023/08/05/tuez-les-fermiers-blancs-tuez-les-bebes-blancs/

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