Je dois vous avouer que j’adore le spectacle que nous offrent les reines et les rois. Pour tout dire, je suis monarchiste tendance Stéphane Bern. C’est sans doute mon côté fleur bleue. J’ai suivi avec émotion (et avec ma chatte Sissi) les cérémonies d’inhumation d’Elisabeth II, et j’étais à nouveau devant mon poste de télévision pour le couronnement du prince Charles.
Le film Jeanne du Barry, qui vient de sortir nous permet, à nous Français, de nous faire une petite idée des fastes de Versailles, du grand Versailles, l’époque de Louis XIV et de Louis XV. Déjà de ce seul point de vue, le film de Maïwenn est une réussite. Il raconte l’histoire de Jeanne du Barry, la dernière favorite de Louis XV, et l’histoire des dernières années du règne de Louis XV par conséquent. Le film n’aborde pas du tout les enjeux politiques et géopolitiques du temps, la réalisatrice ayant voulu nous raconter un destin, et une histoire d’amour, rien qu’une histoire d’amour.
Le château de Versailles est filmé de façon fabuleuse, et si le film rencontre le succès international que certains lui prédisent, alors on peut penser (et même craindre) que le flot de touristes augmente considérablement, au risque saturer l’un des sites les plus visités au monde (8 millions de personnes chaque année).
Par ailleurs le film est globalement fidèle à l’histoire. Dans la bibliothèque de tante Mathilde, j’ai emprunté Le siècle de Louis XV, de Pierre Gaxotte, car je me souvenais qu’un chapitre était consacré à Madame du Barry. Oui, la relecture de ce maitre-livre de Gaxotte confirme la scrupuleuse fidélité de la réalisatrice-actrice aux évènements de l’époque – j’entends les évènements au sein de la Cour -. Malgré ses origines modestes, Jeanne du Barry fut une grande dame, qui sut tenir son rang, rien que son rang, mais tout son rang.
Dans le film, c’est… Maïwenn qui joue son rôle. Maïwenn a quarante-sept ans, alors que Jeanne n’en avait que vingt-trois. Maïwenn est très brune alors que Jeanne était blonde. Maïwenn a une grande bouche alors que Jeanne en avait une petite. Voici d’ailleurs son portrait physique par un témoin de l’époque : « Mme du Barry était l’une des plus jolies femmes de la cour, où il y en avait tant, et certainement la plus séduisante par les perfections de toute sa personne. Ses cheveux, qu’elle portait souvent sans poudre, étaient du plus beau blond et elle en avait une profusion à n’en savoir que faire : ses yeux bleus avaient un regard caressant et franc qui s’attachait sur celui à qui elle parlait et semblait suivre sur son visage l’effet de ses paroles. Elle avait le nez mignon, une bouche toute petite et une peau d’une blancheur éclatante ». Ce n’est pas vraiment le portrait de Maïwenn qui, pourtant, est crédible dans ce rôle, et émouvante.
Maïwenn contre Plenel
Je lis, dans Valeurs actuelles du 1er juin, que Laurent Dandrieu n’a pas du tout aimé le film. J’avoue ne pas partager son opinion, sauf peut-être pour sa critique du jeu de Johnny Depp, qui effectivement nous montre un Louis XV un peu…lunaire.
Le film décrit les mesquineries de la Cour, et jusqu’au sein de la famille royale, comme les lourdeurs du protocole. Mais là aussi ce que nous en dit Pierre Gaxotte – qu’on ne peut soupçonner de parti pris antimonarchiste – rejoint ce que nous en montre le film de Maïwenn.
Je fais tout-à-fait mienne la critique du site « Boulevard Voltaire » : les « appréhensions légitimes qui furent les nôtres avant de voir Jeanne du Barry n’ont pas gâché le plaisir que nous avons éprouvé à son visionnage ».
Ce film mérite d’être vu, en effet. C’est une réussite tant formelle que sur le fond. La réalisatrice n’oublie pas de rappeler le sort tragique de cette attachante héroïne, victime innocente – parmi tant d’autres – de la Terreur.
Le tout Paris a bruissé, il y a quelques semaines, à propos d’une violente altercation entre Maïwenn et l’horrible Edwy Plenel. On ne sait pas exactement ce qui a conduit la réalisatrice à lui tirer les cheveux en public, et à esquisser un crachat le visant. Peu importe : d’instinct je me range dans son camp, contre notre Robespierre de sous-préfecture. Pas par solidarité féministe. Mais pour moi, elle a un peu vengé la malheureuse Jeanne du Barry guillotinée en 1793.
Madeleine Cruz
Cette chère Madeleine Cruz me fatigue, me coupe les pattes, me coupe l’épate ! C’est vrai quoi… Je me méfie pourtant des vieilles tantes (je l’imagine grisonnante et plus, ridée aux bajoues et lorgnons en pince-nez fichés sur un nez camus d’institutrice monarchiste tendance suprémaciste,) « La » Madeleine aussi souveraine que l’église du même nom, nous épastrouille à chaque livraison par onde de notre Présent, notre élixir, notre cher lui à nous (hélas distillée par le biais des des ondes à Présent, toujours mettre une majuscule désormais à ce mot) et il faudrait se fendre d’une éloge sur chacun de ses savoureux commentaires, qu’elle nous balance avec autant de goût qu’érudition. Insupportable… On finirait par se lasser à lui accrocher sur la poitrine (qu’on imagine généreuse) chaque semaine la médaille de première de la classe et de lui décerner en fin de trimestre le bulletin de meilleure institutrice de France et de Navarre. On pourrait être traité injustement de « dithyrambe » de flagorneur et d’autres noms d’oiseaux aussi j’en resterai là; Ah non… Encore deux mots, je ne dirais plus de mal des vieilles à lorgnons et désormais, je me pencherai avec indulgence sur la grande bouche et l’intéressante cervelle de Maïwenn ! Allez fonce Tante Mado ! !