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La Chronique de Livr’arbitres : Voyage au bout de l’infortune !

Écrire un article sur le dernier livre de Paul Fortune n’est pas la meilleure mission que m’ait confiée Livr’Arbitres. La pression est grande, Paul Fortune est une plume prometteuse et un amie de la revue. Quiconque est déjà passé à une soirée des amis de Livr’Arbitres l’a certainement croisé. La prochaine soirée est d’ailleurs fixée au vendredi 7 juillet, venez nous saluer !

Nous avions découvert l’auteur avec sa première publication Poids Lourd. J’ai continué à le lire, sur Twitter ou il maîtrise l’art de la réplique cinglante et dans un autre ouvrage Dérive, narrant les (més)aventures) d’un jeune français de banlieue devenant militant d’extrême-droite pour tenter d’échapper à la grisaille de son existence. J’avais donc hâte d’entamer la lecture de son nouveau livre Les lettres du Ouaquanda. Ces lettres, fruits de l’imagination de Paul Fortune, constituent une somme d’échanges épistolaires entre plusieurs « Ouaquandais » dont la principale préoccupation est de quitter leur terre d’origine pour rallier la France.

Le Ouaquanda, pays inventé par Fortune, est assurément un clin d’œil au Wakanda que l’industrie Hollywoodienne nous présente dans plusieurs de ses productions comme une fictive « superpuissance africaine ». Ce pays, bien qu’imaginaire, est devenu une sorte de « référence » valorisante pour de nombreux jeunes d’origines africaines vivant en France. Pendant que les jeunes français d’origine africaines fantasment ce Wakanda comme pays puissance, les jeunes africains rêvent eux du vieux continent et des richesses exagérées ou non que peuvent leur offrir l’Europe. Le désir d’émigration est fort chez les africains et nombreux sont ceux à décider de rallier l’Europe par tous les moyens possibles. Paul Fortune nous fait donc suivre les pérégrinations de quatre « ouaquandais » prêts à tout pour parvenir à émigrer en Europe. Le parcours utilisé par nos quatre héros est semblable à celui d’innombrables africains. Les lettres dévoilent ainsi différentes filières d’immigration et leur lot de difficultés. Des difficultés qui perdurent à leur arrivée en France. Les péripéties s’accumulent et semblent tirées des quotidiens nationaux. Nos quatre « héros » ont une perception tantôt cynique, tantôt attristée de leur terre d’accueil. La lecture des aventures de ces néo-arrivants tend un miroir au lecteur face au délabrement notamment « mental » des Français. Il rappelle aussi la duplicité des élites et de la myriade d’associations pro-migrants. Ces associations qui offrent astuces, supports et vivres aux migrants allant jusqu’à souvent travestir la véritable raison de leur exil.

La thématique du livre pourrait paraître lourde et rebuter. C’est sans compter sur la finesse de l’auteur sachant distiller à bon escient quelques notes de bas de pages qui donnent le sourire. Un propos bien senti qui pointe les errements étatiques en matières migratoire, nous laissant un goût amer. Un sentiment d’impuissance face à la submersion migratoire, alors que nos banlieues brûlent, demeure, mais l’objectif du livre n’était sans doute pas de nous rassurer ! Un livre à lire et à partager à vos amis bénévoles du Secours Catholique par exemple !

Jean Ernice

Lettres du Ouaquanda: Voyages étonnés et drolatiques d’habitants du Ouaquanda à travers la France Broché de Paul Fortune

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