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Bédésup: la vie de la Rouërie en BD

Dans un milieu alors très colonisé par « l’esprit de mai 68 », le bibliothécaire Jean-Claude Faur, avec sa revue Bédésup, était plutöt isolé dans sa riposte. Il nous a hélas quitté depuis, mais c’est pour lui rendre hommage que nous avons repris, en accord avec l’éditeur Philippe Randa, cet intitulé Bédésup, pour parler, dans les pages du Nouveau Présent, de l’actualité bédéphilique.

Dans leur collection « Le vent de l’Histoire », les éditions du Triomphe publient une biographie d’Armand de la Rouërie, qui fut un officier de Louis XVI puis de la guerre d’indépendance américaine, un aristocrate, un défenseur de l’identité bretonne et un chef chouan. La Rouërie est vénéré par les Bretons mais il est vrai qu’il est moins connu que les autres grandes figures contrerévolutionnaires de l’ouest de la France telles que La Rochejaquelein, Cadoudal, Charette, Cathelineau, Jean Cottereau etc.

L’académicien Michel Mohrt lui a certes consacré une étude de grande qualité (Gallimard 2000), et cent ans plus tôt, G.Lenotre avait raconté, avec sa verve habituelle, la « conjuration bretonne » (Perrin, 1903). Quelques autres historiens et écrivains se sont aussi intéressés à la Rouërie :  Christian Bazin, Job de Roincé, Thierry de Navacelle, et, en 2013, le duo Jean Raspail – Alain Sanders. Mais tout ceci représente peu de choses quantitativement, au regard de l’avalanche d’ouvrages consacrés à la plupart des héros de cette tragique épopée.

La bande dessinée permet de nous aider à comprendre pourquoi la Rouërie n’a pas bénéficié d’une aura comparable à celle de ses confrères en héroïsme et en martyre.

C’est que l’essentiel des faits d’armes de cette belle figure concerne sa participation à la guerre d’indépendance américaine et pas à la chouannerie. D’autre part, comme La Fayette, la Rouërie se déclara partisan d’une monarchie constitutionnelle. Son ralliement aux principes de la contrerévolution fut donc assez tardif, et court, également, puisqu’il mourut en janvier 1793, non pas fusillé ou sous le couperet de la guillotine, mais à la suite d’une chute de cheval. La grande guerre des chouans et des Vendéens concerne les années 1793-1796, la Rouërie n’était plus là pour y participer.

Un symbole de l’identité bretonne

Par ailleurs l’armée secrète qu’il avait levée en Bretagne avait au moins autant pour objectif de lutter pour préserver les libertés propres aux Etats de Bretagne, la fameuse Constitution bretonne, que de maintenir la monarchie, et la liberté du culte catholique. De ce point de vue l’engagement de la Rouërie ressemble plutôt à celui des Girondins.

La Rouërie est certes un héros de l’histoire de France, mais qui nous renvoie un message peut-être plus brouillé que celui des figures de l’épopée chouanne et vendéenne. Il reste néanmoins un symbole de l’identité bretonne. Et cette bande dessinée sera spécialement appréciée par tous ceux qui ont des racines bretonnes ou qui vouent un attachement particulier à cette terre. Nul doute qu’elle contribuera à faire connaitre ce personnage haut en couleurs, à qui l’Amérique doit beaucoup

Agathon

Colonel Armand. De Washington à l’armée des Chouans, par Mankho et Jigourel, Ed. du Triomphe, 2023.

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