Auguste Blanc est un nom qui compta dans la vie politique et sociale de notre pays. Pendant vingt-trois ans, grosso modo de l’après-mai 68 jusqu’aux années 1990, il assura le secrétariat général de la Confédération Française du Travail, devenue Confédération des Syndicats Libres en 1977. La CFT/CSL fut la seule tentative sérieuse de créer une confédération syndicale affichant un anticommunisme, et donc un anticégétisme sans concession.
Le mot d’ordre de cette organisation était : « indépendance et apolitisme ». L’organisation syndicale était certes soutenue par quelques députés RPR et par quelques mairies, mais elle était – malheureusement pour elle – indépendante des partis de droite, si indépendante qu’elle ne parvint jamais à obtenir une représentativité nationale légale qui seule lui aurait ouvert l’accès aux subventions massives versées par l’Etat aux syndicats.
Dans les années 1990 elle recueillait néanmoins autour de 4% des voix aux élections professionnelles, au niveau du pay, ce qui n’était pas négligeable, car elle se trouvait en opposition frontale avec la CGT communiste, la CFDT socialiste et gauchise, et en concurrence avec les syndicats dits réformistes CGC, CFTC et Force Ouvrière, ces cinq organisations syndicales étant seules considérées comme « représentatives de droit », au motif, notamment, qu’elles étaient « issues de la résistance ». Tandis que la CFT/CSL était réputée avoir été « formée par des syndicalistes issus des réseaux de droite et d’extrême droite collaborationniste », comme l’écrit encore aujourd’hui Wikipedia, reprenant mot pour mot les éléments de langage du Parti communiste.
L’histoire de la CFT-CSL est donc l’histoire d’un échec, puisqu’elle a disparu du paysage syndical. Mais cet échec doit beaucoup plus à la pusillanimité de la droite molle qu’aux faiblesses d’une équipe de direction qui sut montrer plus d’une fois son courage, y compris physique.
Auguste Blanc, militant syndical aux convictions fortes, a tenu ce créneau dans une période spécialement difficile : un gauchisme ultraviolent dans la rue, dans les universités, et jusque dans certaines entreprises, un parti communiste redevenu puissant (plus de 20% des voix) malgré Budapest et Prague, une CGT dominant largement ce que l’on appelait alors « la classe ouvrière », et, en 1981, la prise du pouvoir par l’Union de la gauche.
Longtemps l’histoire des syndicats libres n’avait été racontée que du point de vue communiste et cégétiste, en particulier dans les pages de L’Humanité. Il a fallu attendre 1998 et la parution de l’étude de Didier Favre, docteur en sciences politiques, et spécialiste du droit social, étude intitulée Ni rouges ni jaunes : de la CGSI à la CSL, l’expérience du syndicalisme indépendant (Éditions Midi moins le Quart, 1998), pour que l’expérience d’un syndicalisme indépendant cesse d’être caricaturée.
Auguste Blanc a pris sa retraite syndicale en 1999, et il a alors entrepris un travail titanesque : raconter de l’intérieur l’histoire du syndicalisme indépendant. Agé aujourd’hui de 90 ans, il a bien conscience de l’importance de son témoignage, mais il sait aussi que le temps joue contre lui. Il a déjà écrit cinq volumes, qui couvrent une période allant de 1835 à 1976.
C’est une œuvre passionnante, qui fera date dans l’histoire du syndicalisme, mais qui, bien entendu, s’adresse à un public assez restreint. Les ouvrages sont littéralement bourrés de photos, de documents, de reproduction des articles de presse de l’époque, une véritable mine d’or pour les chercheurs.
Agathon
« Ma vie en mémoire », 5 volumes parus à ce jour, un sixième volume est chez l’imprimeur, et un septième est en cours de correction.
Ces ouvrages et ceux à venirpeuvent être commandés directement auprès d’Auguste Blanc, Impasse du Château d’eau, 13960 Sausset les Pins, pour un prix très raisonnable, compte tenu des formats, de la qualité d’impression et de reproduction, du nombre de pages, et bien entendu de l’intérêt historique de ces publications.