Qu’y a-t-il de commun entre La Varende et Brasillach ? Pas grand-chose, serait-on tenté de dire. La Varende, c’est la nostalgie d’une France rurale, orpheline de son roi. Brasillach, c’est le mouvement, le futurisme, le progrès, les espoirs nés d’un « fascisme immense et rouge » idéalisé. Certes La Varende a aussi été publié dans Je Suis Partout. Mais il s’agissait d’un roman, paru en feuilleton, comme ce fut le cas pour Barjavel, Anouilh et Marcel Aymé. Nous sommes loin des articles engagé de Brasillach (qui y fut aussi un grand critique de l’actualité culturelle, ne l’oublions pas).
En fait ce qui rapproche Brasillach et La Varende, c’est peut-être avant tout le fait de bénéficier l’un et l’autre du soutien d’une association dédiée à leur mémoire. Pour La Varende, il s’agit de « Présence de La Varende », fondée en 1989, et dirigée actuellement par Patrick Delon. Quant à l’association des amis de Robert Brasillach, elle avait été créée en Suisse, il y a trois quarts de siècle, à l’initiative de Pierre Favre.
Un hasard fort bienvenu a fait que j’ai reçu le même jour les dernières publications de ces deux associations.
L’association des amis de Robert Brasillach, je connais depuis longtemps : mon grand-oncle Brigneau m’avais fait lire dès 15 ans les Poèmes de Fresnes, à 16 ans Les Cadets de l’Alcazar, à 17 ans l’Histoire de la Guerre d’Espagne, et à 18 ans, quand je préparais l’ENS (« Normale Sup »), Notre avant-guerre. A la même époque, (c’était un ouikende de printemps, comme aurait écrit Jacques Perret), l’oncle Brigneau m’avait invitée à déjeuner avec son copain Jacques Perret, qui habitait rue de la Clé, pas loin de Normale Sup. Ensuite nous étions allés faire quelques pas dans les jardins de l’école. J’y avais une chambre. – L’oncle Brigneau ne disait pas « une chambre, mais « une turne », vieux reste de ses romans policiers en argot publiés sous le pseudonyme de Coco-Bel-Œil- . Il fut déçu, m’a-t-il dit, n’y retrouvant pas l’atmosphère décrite dans Notre avant-guerre, du temps des inséparables Bardèche, Maulnier et Brasillach.
Depuis ces temps bénis où mon cher oncle faisait mon éducation littéraire et un peu politique, Brasillach reste l’un de mes écrivains préférés. Et au moment précis où j’écris ces lignes, depuis mon bureau, je vois sur ma table de nuit, dans la pièce d’à-côté, le recueil Ecrit à Fresnes, paru chez Plon bien avant ma naissance, qu’il m’avait offert ce jour de mai 1990. Epoque heureuse : le mur de Berlin venait de tomber ; on ne parlait alors ni d’écriture inclusive, ni de mariage gay, et les islamistes n’avaient pas pris le pouvoir à l’AFP et dans les médias du secteur public.
Le bulletin des ARB de cet automne, revue très bien faite reproduisant la majeure partie des articles parus sur les six mois écoulés, comporte un éditorial de son président, Philippe Junod, qui fait un historique de l’association, rappelant qu’à la mort de son fondateur, il y a 33 ans, bien des adhérents ont pensé qu’elle vivait son « chant du cygne ». Il n’en a rien été, grâce à Dieu et à Junod. Si les ARB avaient disparu, je suis persuadée que l’auteur de Comme le temps passe serait infiniment moins lu, aujourd’hui. Un libraire en livres anciens de mes amis me disait que quand il « rentre » un Brasillach, il est sûr de le vendre dans la semaine ! Merci donc à ceux qui se dévouent pour donner l’envie à la jeune génération de se plonger dans l’œuvre de Brasillach.
Héroïque Charlotte Corday
Pour les admirateurs de La Varende, la tâche était théoriquement moins ardue car l’auteur de Man d’Arc n’a jamais été ostracisé. Mais il est souvent considéré comme un simple écrivain régionaliste, alors qu’il vaut bien mieux que cela, ce qui explique sans doute le dynamisme de Présence de La Varende, association qui succédait elle-même à d’autres initiatives.
Depuis 2003 la Médiathèque de Bernay, dans l’Eure possède un important fonds La Varende. En 2019, pour le 60e anniversaire de sa disparition, elle avait organisé une intéressante exposition. Ce qui prouve qu’en Normandie au moins, son œuvre reste vivante.
Le dernier bulletin de l’association rend compte de la promenade qui nous a conduits, l’an dernier, sur les pas de Charlotte Corday, à une quinzaine de kilomètres de Chamblac, la demeure familiale des La Varende. Nous étions une centaine, et j’étais ravie de cette mise à l’honneur de cette jeune femme exceptionnelle, dont La Varende a souvent raconté le destin au cours de conférences dans la région. En ces temps de terrorisme islamiste, c’est une bonne chose de se rappeler son geste héroïque, qui élimina l’un des principaux promoteurs d’une autre Terreur.
Madeleine Cruz
Attention, Madeleine…
C’est Pascal Junod qui est président des AR et non Philippe Junot (ex Mr Caroline de Monaco) qui doit à peine savoir qui est Robert Brasillach….
Si , Madeleine Cruz, il y a beaucoup de choses en commun entre La Varende et Brasillach….
Une amitié et une admiration commune, un beau portrait de Brasillach intitulé La Varende, le dernier féodal, et des admirateurs qui rangeaient leurs deux oeuvres sur la même étagère. Trop jeune pour avoir lu Jean Madiran, sans doute, et deux biographies celle de Robert et celle de Jean d’une certaine Anne Brassié, mais la jeunesse cela se soigne en lisant les vieux livres qui sont toujours disponibles ….sur Amazone. Cordialement.
Anne Brassié