Galilée

En Galilée, les préparatifs vont bon train « au cas où »

A quelques centaines de mètres de la ligne bleue qui sépare Israël du Liban, les villages de Galilée ressemblent à autant de ruches : le génie de l’armée israélienne ne chôme pas et multiplie préparation d’abris dans les parkings souterrains, transfert de nourriture et de médicaments de première urgence. Selon le média israélien Ynet News, Tsahal a lancé ces dernières semaines l’opération « Ancre stable » dont l’objectif est de préparer la logistique liée à une potentielle guerre totale avec le Hezbollah, visant notamment à la protection des populations civiles.

Cette information conforte les rumeurs persistantes sur la possibilité grandissante d’un affrontement de grande ampleur entre le Hezbollah pro-iranien et l’état hébreux au moment ou les bombardements quotidiens visant des infrastructures du Hezbollah et les domiciles de ses commandants de terrain ne sont plus cantonnés au Sud Liban mais s’étendent à la plaine de la Bekaa dans le secteur de Baalbek. Dans la logique de guerre israélienne, une des missions du commandement du front intérieur est de préparer la population civile avant un éventuel conflit. Selon des informations confiées par un responsable de cette branche de l’armée israélienne aux medias, les « forces du front intérieur » sont en train d’aménager des abris pouvant « recueillir des dizaines de milliers de civils qui n’en disposent pas, ni de pièces sécurisées », durant des périodes allant de quelques heures à plusieurs jours en cas de bombardements. Selon les informations reprises par la presse israélienne, ce sont plusieurs dizaines d’abris qui ont été conçus depuis le début de l’année avec toute une logistique visant à assurer « le transfert des citoyens, l’entretien des refuges et le transport de nourriture non périssable et d’eau ». Plus de 80 000 rations de nourriture seraient d’ores et déjà sur place, alors que le plan continue. Le media Ynet News rapporte que l’alternative à ces installations d’abris était la mise en place de tentes dans des zones sûres éloignées ou encore la location de chambres d’hôtel, solutions rejetées conjointement par le chef du commandement nord de l’armée israélienne, le général de division Uri Gordin, et les chefs des conseils régionaux du nord d’Israël dans un « souci d’efficacité ».

Pas de désescalade sans trêve à Gaza

C’est dans ce contexte que le président du Parlement libanais et allié de longue date du Hezbollah, Nabih Berry, a affirmé qu’aucun accord de désescalade n’était possible au Liban-Sud tant qu’une trêve n’est pas appliquée à Gaza : « Il n’y aura pas de solution tant que la trêve n’est pas effective », a-t-il déclaré. De son côté, le premier ministre sortant Nagib Mikati, également aligné sur les positions du Hezbollah, a déclaré « poursuivre les contacts avec tous les acteurs concernés, au Liban et à l’étranger, pour éloigner la guerre du Liban, malgré tout ce qu’a subi notre pays jusqu’à aujourd’hui », évoquant notamment « le nombre de martyrs » (comprendre les combattants du Hezbollah) tués depuis octobre. « Avec la grâce de Dieu, les choses n’iront pas plus loin », a-t-il lancé depuis Dar el-Fatwa, après une réunion avec le mufti Abdellatif Deriane, plus haute autorité sunnite, à l’occasion du premier jour du ramadan.

Du côté du Hezbollah, la milice persiste : le front du Sud est un front de « soutien » au Hamas palestinien : « Nous poursuivrons notre soutien et notre défense (du Liban) », a-t-il affirmé, minimisant l’importance des menaces israéliennes à l’égard de son parti. « Nous sommes prêts à la riposte et à la résistance si l’agression venait à s’élargir», a-t-il ajouté au grand dam d’une partie chaque jour plus importante de la population civile du sud du pays qui ne peut que réaliser qu’au-delà de la propagande guerrière, aucune mesure effective n’est prise pour la protéger, que les tunnels et les abris sont exclusivement réservés aux « résistants » et qu’en cas d’isolement prolongé, ils pourront toujours manger leurs chiens et leurs chats ou mourir en « martyrs sur la route de la libération des lieux saints », pour reprendre la dialectique hezbollahi.

Enfin, dans la localité de Wazzani, un drone israélien a largué des tracts dans la rue et sur les toits des maisons du village, mettant en garde la population : « Habitants du Sud, le Hezbollah met en danger votre vie, celle de vos familles et de vos maisons en installant ses membres et ses dépôts d’armes dans vos quartiers ». Le tartarin de maire affilié à la milice chiite, a balayé la menace devant le correspondant de l’Orient-le Jour : « Nous savons qu’il s’agit d’une guerre psychologique menée contre le village, mais nous resterons ici, même si les tracts ont alarmé les habitants », a t-il déclaré, nonobstant le fait que plus de 100 000 personnes ont déjà fui la région, abandonnant maison, récoltes, veaux, vaches et poules, laissant sur place ceux qui n’ont pas les moyens de se « délocaliser ».

Sophie Akl-Chedid

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