Dans son supplément Frontal, Libération a salué mardi le « barrage républicain » érigé depuis le premier tour contre « la vague brune » et surtout «la belle mobilisation des quartiers populaires auxquels la gauche doit beaucoup ».
Intifada de la Seine au Jourdain !
En effet, dans ces quartiers qu’il serait plus exact de qualifier de racisés car le peuple français en a été progressivement chassé, en premier lieu dans les Bouches-du-Rhône et la Seine-Saint-Denis, la gauche en général et LFI en particulier ont obtenu quelques beaux succès. A la jubilation des manifestants exotiques ameutés dimanche soir place de la République, où nombre d’entre eux brandissaient des drapeaux algériens, tunisiens, palestiniens et même turcs.
Et la moisson devrait se poursuivre au second jour après la mobilisation de sportifs et surtout de la fine fleur du rap « français » (Fianso, Akhenaton, Mac Tyer, Seth Gueko, Zola, Soso Maness, etc…) qui, réunie en collectif, a produit un clip d’une dizaine de minutes recommandant de « baise(r) la mère à Bardella » (quant à lui promis à la mort) et d’assener « un coup de bâton sur ces chiennes en rut » que sont « Marine et Marion, ces putes » — on admirera la richesse des rimes. Quant aux « porcs » qui votent pour elle, « l’intérieur de leurs âmes (car ces sales suidés poussent le vice jusqu’à en avoir plusieurs) est fané, ils méritent de caner ». « Si les fachos passent, je fais sortir avec un big calibre », concluent ces délicats artistes, qui se voient déjà en fedayin puisqu’ils veulent étendre le combat des Palestiniens « de la Seine au Jourdain ».
Les retrouvailles de Haine Sinclair et de DSQ
Certes, l’hystérie n’a pas atteint dans les rues les sommets de la « quinzaine de la haine » quand Jean-Marie Le Pen accéda au second tour de la présidentielle de 2002, mais la haine demeure. Au point que les constructeurs et les glorificateurs du barrage antifasciste n’ont pas cru devoir désavouer le clip des rappeurs malgré sa tonalité raciste et antisioniste. Au contraire. Interrogée dans l’émission « C à vous », Anne Sinclair s’est alignée en appelant à voter à tout prix contre le Front national qui, a-t-elle précisé « pour moi n’a pas changé » mais a subi un simple « ripolinage », ce qui n’enlève rien à « un lourd passé et un lourd présent » puisque « ce parti fut fondé par l’OAS, les collabos, par Jean-Marie Le Pen condamné six fois pour antisémitisme ». Ce qui est d’ailleurs faux, le président d’honneur du FN — que les derniers résultats électoraux, fruits d’un long et difficile labeur entrepris il y a un demi-siècle, ont dû réjouir — n’ayant été qu’une fois condamné de ce chef, pour avoir déclaré en 1985 à la fête des Bleu-Blanc-rouge : « Je dédie votre accueil à Jean-François Kahn, à Jean Daniel, à Ivan Levaï, à Elkabbach et à tous les menteurs de la presse de ce pays ». Un « antisémitisme insidieux » selon les juges, qui ne lui infligèrent toutefois qu’une peine dérisoire : le versement du franc symbolique aux « diffamés ». L’ancienne journaliste vedette de TF1 serait-elle devenue gâteuse ?
On se réjouira toutefois qu’après le divorce tumultueux de Sinclair avec Dominique Strauss-Kahn (rebaptisé par de mauvais plaisants DSQ après son viol de Nafissatou Diallo à New York), les ex-époux aient retrouvé un terrain d’entente : l’exécration du RN contre lequel, de son opulent riad marocain, le ploutocrate-pornographe a adjuré par écrit tous les gens de bien, et de biens, à se mobiliser et même à voter pour la France Insoumise, « fusse en se pinçant le nez ».
A force de pratiquer l’anglais pour son business, le multi-diplômé aurait-il quant à lui oublié les règles élémentaires de la grammaire française pour confondre ainsi la première personne du subjonctif du verbe être (que je fusse) avec la troisième personne du conditionnel passé (fût-ce) qui s’imposait en l’occurrence ?
Quand l’antifâchisme flirte avec l’antisémitisme
Le tableau d’honneur de la nouvelle résistance à l’occupant (de l’intérieur, cette fois) serait incomplet sans les 1300 personnalités du « monde des arts et de la culture » qui, dans une tribune d’ailleurs cosignée par de nombreux inconnus espérant ainsi sortir de l’anonymat, ont lancé un pathétique appel à la coalition pour « le respect des identités et de la diversité » et donc « contre l’extrême droite » qui les menace. Parmi ceux qui se posent en nouveaux Jean Moulin se distingue le Portugais Tiago Rodrigues, président du festival d’Avignon qui, annonçait-il le 28 juin, « deviendra un “festival de résistance” en cas de victoire du Rassemblement national aux élections législatives et de son arrivée au gouvernement ». Le senhor Rodrigues n’a guère été entendu puisque, dans la Cité des papes, la députée sortante du Rassemblement national arrivait deux jours plus tard en tête avec 34,62% des suffrages, suivie par Raphaël Arnault avec 24,76%.
Le 3 juillet, les médias aux ordres étaient intarissables sur les « brebis galeuses » que seraient certains candidats du RN, ce qui semble les dispenser de s’étendre sur les cas de candidats de ce parti attaqués, telle Marie Dauchy qui, après avoir obtenu 36% des voix dans la 3ème circonscription de Savoie le 30 juin, a été menacée de mort et molestée le même 3 juillet lors d’une distribution de tracts, avec une telle brutalité (1) que, traumatisée, elle a suspendu sa campagne.
Or, souverainement investi par Mélenchon, Raphaël Arnault est le conducator de la Jeune Garde antifasciste (2). Organisation ultra-violente responsable de nombre d’agressions, aussi bien contre des femmes, par exemple la jeune Mila ou Alice Cordier, présidente de Némésis, que contre des juifs ou supposés tels. C’est d’ailleurs pour avoir insulté, tabassé, et obligé sous la menace un adolescent à crier « Vive la Palestine ! » que huit membres de la Jeune Garde ont été mis en examen le 27 juin pour « violences aggravées à caractère antisémite » commises dans le métro parisien un mois plus tôt, à l’issue d’une prestation antisioniste de la pasionaria syro-palestinienne Rima Hassen, nouvelle égérie de Mélenchon (dont la précédente muse, la Franco-Algérienne Sophia Chikirou, a été triomphalement élue le 30 juin par les Bo-bos parisiens associés aux « jeunes des quartiers »). Rima Hissen affirme ne pas connaître Raphaël Arnault. Ce que démentent des photos les montrant enlacés.
Ramené à la judéité par Anne Sinclair, Strauss-Kahn avait déclaré le 19 septembre 2003 au quotidien Le Monde qui l’interrogeait sur ses projets d’avenir : « Je me lève chaque matin en me demandant comment je pourrai être utile à Israël… Je considère que tout Juif dans la diaspora, et donc c’est vrai en France, doit partout où il le peut apporter son aide à Israël. C’est pour ça d’ailleurs qu’il est important que les Juifs prennent des responsabilités politiques. » Un argument massue, soit dit en passant, contre la promotion de binationaux (de droit ou de cœur) à des postes stratégiques…
Reste à savoir comment ce moraliste par ailleurs perclus d’affaires louches (voir sa notice dans Wikipédia) concilie son ardente obligation envers la « terre de lait et de miel » avec son appui, « fût-ce en se bouchant le nez », aux candidats insoumis.
Claude Lorne
- L’agresseur a été placé en garde à vue pour « menaces de mort réitérées, injures et violences contraventionnelles », a fait savoir le parquet de Chambéry.
Excellent article, de plus très amusant malgré la gravité des sujets traités.
Et, surtout, heureusement qu”il y a eu Le Nouveau Présent pour nous apprendre l’inqualifiable agression contre la candidate RN Marie Dauchy (à laquelle j’exprime toute ma sympathie), car les médias n’en avaient soufflé mot. En revanche, il n’était question le 4 juillet sur les ondes que de l’agression de la calamiteuse macroniste réunionnaise Prisca Thévenot , porte-parole du gouvernerment sortant, alors qu’elle aussi distribuait des tracts. Cette différence de traitement prouve l’ampleur de la désinformation en France.