Après la circulaire de Gérald Darmanin, interdisant a priori toute manifestation organisée par « l’ultra-droite », l’avocat nationaliste, Pierre-Marie Bonneau, dénonce l’illégalité de cette décision politique et appelle les militants à s’organiser pour déjouer les plans du ministre de l’Intérieur.
NP : Gérald Darmanin a annoncé, après la manifestation du C9M, l’interdiction de tout rassemblement considéré « d’ultra-droite ». Est-ce un aveu de faiblesse ou une nouvelle tentative de déstabilisation du milieu « natio » ?
Me Pierre-Marie Bonneau. Ni l’un ni l’autre. Il y a eu une levée de boucliers, provoquée par le succès de la marche, autorisée, du C9M en mémoire de Sébastien Deyzieu. Aucune dégradation de mobilier urbain, privé ou public, un ordre impeccable et une vraie réussite esthétique. Bref, le cocktail parfait pour redorer auprès de la population le blason de ce que nos élites appellent la « droite radicale ». On ne peut pas comprendre la réaction de nos ministres si on ne garde pas, en permanence, en tête, qu’ils sont avant tout les serviteurs zélés de ceux qui les paient et décident derrière eux. Or, ceux-ci craignent et haïssent justement les nationalistes, pour des raisons historiques, culturelles ou communautaires. Je ne vous ferai pas ici l’offense de vous demander de QUI il peut s’agir… Donc, en donnant l’ordre d’interdiction de toute manifestation « d’extrême droite », Gérald Darmanin cherche juste à se faire pardonner la réussite, qu’il n’avait pas vu venir, du C9M et à rester dans les bonnes grâces de ses maîtres, dont on a pu mesurer la colère à l’aune de la réaction des médias qu’ils contrôlent. Je ne pense pas qu’il faille aller plus loin dans le raisonnement, parce que Darmanin n’a tout simplement pas réfléchi au-delà quand il a surréagi. Il s’est fait « gronder » comme un gamin en culottes courtes et a simplement voulu « faire payer la note » à ceux qui, pour lui, en portent la responsabilité.
Qu’est-ce que « l’ultra-droite », d’un point de vue juridique ?
Avant d’ouvrir un code pénal, je crois qu’il faut ouvrir un dictionnaire. Le terme de droit est positivement connoté, quand on parle d’une personne droite, adroite… Celui de gauche l’est négativement. Donc l’ultra-droite, c’est sans doute la quintessence de l’intelligence politique, au service de la plus grande et pérenne communauté de destin qu’ait créé le monde dont nous sommes les héritiers, c’est à dire la Nation. Cela va donc nécessairement à l’encontre des intérêts et sans doute des projets de ceux qui ne ressentent, pour les mêmes raisons évoquées ci-avant, aucun attachement charnel avec une quelconque Nation au sens où nous, Européens de civilisation, l’entendons. Ces mêmes personnes s’intéressent seulement au profit et donc, désirent évidemment faire disparaitre la Nation, selon l’adage déjà révélé depuis plusieurs décennies par l’un d’entre eux : « le verrou qui doit sauter, c’est la nation ». À partir de là, on peut procéder à une analyse selon des critères juridiques : l’ultra-droite est composée, tout simplement, de ceux qui proposent le programme le plus à même de restaurer les Nations et partant, la civilisation européenne. C’est selon ce critère que ceux qui veulent empêcher un tel programme de se réaliser la définissent et la combattent. Or, ils détiennent le pouvoir et, par conséquence, la maîtrise de la création des normes juridiques.
Il faut mener ensemble le combat juridique contre cette très grave dérive liberticide de nos institutions
Sa circulaire est-elle légale ?
Je la pense profondément illégale juridiquement et scandaleuse moralement. Les Nationalistes sont pour un Etat de droit, dans lequel tout le monde sait ce qui est autorisé et ce qui est interdit. « Nullum crimen, nulla poena sine lege ». Là, nous en revenons au règne de l’arbitraire et surtout, d’un arbitraire qui n’est même pas dicté par l’intérêt général, que l’on peut considérer comme un état de nécessité à accepter pendant des durées déterminées lorsque la Nation se trouve en danger, mais par les intérêts de coteries représentant des intérêts minoritaires. Je ne peux que rappeler la définition et la théorisation toujours actuelle par Maurras des 4 états confédérés, qui pourraient d’ailleurs s’en voir ajouter d’autres de nos jours. Nous allons tenter de faire annuler cette circulaire, qui, il faut le noter, ne semble pas encore avoir fait l’objet d’une publication, alors même qu’elle est visiblement appliquée avec zèle…
Le week-end dernier, dans le Tarn, une manifestation contre l’installation d’un CADA a été interdite. Vous avez lancé un recours. Qu’a répondu le tribunal ? Comment l’analysez-vous ?
J’ai lancé trois recours, un référé liberté et un référé suspension qui ont été rejetés sans audience en application des dispositions de l’article L.522-3 du Code de Justice Administrative, et une procédure au fond, toujours en cours. J’entends évidemment continuer à me battre pour faire annuler cet arrêté, que je considère comme parfaitement scandaleux.
Cette fois-ci, l’interdiction est basée sur les événements de Saint-Brévin, plutôt que sur la circulaire. Craignez-vous que toutes les manifestations contre l’arrivée de migrants soient interdites à l’avenir ?
Le préfet motive au mieux ses arrêtés en fait et en droit, mais en réalité obéit à des consignes. La motivation écrite de cet arrêté ne reflète sans doute pas les véritables raisons qui ont conduit à cette mesure liberticide. Il faut je pense revenir à l’arrêt du Conseil d’état ayant interdit un spectacle de Dieudonné, appelé parfois « arrêt Stasi » en raison du président de la formation qui avait jugé. C’est un arrêt qui est revenu sur la jurisprudence traditionnelle de l’arrêt Benjamin, protecteur des libertés, pour instaurer une sorte de nouveau « régime des suspects » dans la logique de 1793…
Une volonté politique de museler toute opposition et d’accélérer le processus de répartition des migrants ?
Oui évidemment, mais hélas, ça n’est que l’une des facettes du problème, qui à mon sens relève plus d’une volonté de faire disparaître le nationalisme au sens large, comme courant politique en France. Vous noterez que le projet de création d’un centre d’accueil de migrants à Realmont a été abandonné. Ils seront répartis un peu partout dans le département… Seule une véritable révolution politique peut changer les choses en la matière.
Considérez-vous les événements de Saint-Brévin comme le « Carpentras de 2023 », pour reprendre l’expression de Jean-Yves Le Gallou ?
Oui, mais je pense que la surprise causée par la réussite de la manifestation du C9M a été beaucoup plus déterminante dans le choix du gouvernement, de museler ce que nos élites et leurs commanditaires appellent « la droite radicale ». Les évènements de Saint-Brévin me paraissent les avoir moins effrayés et donc, avoir eu moins d’influence pour les inciter à adopter des textes et des comportements plus répressifs envers les mouvements patriotes.
Ensuite, il va nous falloir, juridiquement, multiplier les recours, agir rapidement et intelligemment à chaque occasion, ne jamais rien laisser passer. Il existe encore en France, des juges capables de dire de façon équitable le droit et rien n’est jamais définitivement décidé.
D’autres événements plus culturels ont également été interdits, comme le colloque de l’institut Iliade, ou une réunion d’Yvan Benedetti. Tout événement, même privé pourrait désormais être interdit ?
Oui. Très clairement. D’où l’importance de mener ensemble le combat juridique contre cette très grave dérive liberticide de nos institutions. Il ne faut rien laisser passer, il faut multiplier les recours et combattre pied-à-pied.C’est aussi pour cela que des associations comme le CLAN, le Comité de Liaison et d’Aide Nationaliste, créé il y a maintenant dix ans à l’initiative d’Yvan Benedetti, ont un rôle essentiel à jouer et doivent être soutenus.
Comment pourrions-nous contrer cette tendance ?
Tout d’abord, on ne dissout pas une idée, ni une nation. Il va nous falloir apprendre à organiser nos événements plus discrètement et intelligemment et à les médiatiser ensuite pour leur donner le maximum de retentissement dans la population. Ensuite, il va nous falloir, juridiquement, multiplier les recours, agir rapidement et intelligemment à chaque occasion, ne jamais rien laisser passer. Il existe encore en France, des juges capables de dire de façon équitable le droit et rien n’est jamais définitivement décidé. Pour citer le Maître de Martigues, réaffirmons qu’en politique, le désespoir est une sottise absolue. Notre France a connu d’autres temps difficiles et a su trouver des élites qui lui ont permis de reprendre le chemin de la grandeur. Il en sera de même, gageons-en, avec la crise que nous traversons aujourd’hui. Les temps pour nous sont difficiles, « mais si les corbeaux, les vautours, un de ces matins disparaissent, le soleil brillera toujours », pour paraphraser la chanson de l’ennemi…
Propos recueillis par Etienne Lafage